Le président rwandais, Paul Kagame a présenté sa candidature pour un troisième mandat à la magistrature suprême, à l’occasion des vœux qu’il a adressés à la nation pour le Nouvel An, provoquant des vives réactions jusqu’au-delà du territoire national.
L’opposition rwandaise a critiqué sans tarder la décision du président sortant Kagame d’être candidat à sa propre succession, quoi que sa candidature ne soit pas en soi une surprise, dans la mesure où elle est l’aboutissement d’un long processus qui a débuté par la révision de la Constitution engagé par les autorités au pouvoir.
«Nous ne sommes pas surpris car cela arrive après le référendum», a déclaré Frank Habineza, président du Parti vert, principal parti d’opposition au Rwanda, qui s’est résolu d’avoir désormais pour combat la prise de conscience de l’importance de la démocratie dans le pays.
De son côté, le vice-président du parti d’opposition les Forces démocratiques unifiées (FDU), Boniface Twagirimana, a regretté que le parti au pouvoir veuille instaurer «une monarchie dans une République», avec Kagame comme président à vie.
Au plan international, les Etats-Unis se sont déclarés «profondément déçus» que le chef de l’Etat rwandais se soit obstiné jusqu’à présenter officiellement sa candidature pour un troisième mandat. «Avec cette décision, le président Kagame rate une occasion historique de renforcer et consolider les institutions démocratiques que le peuple rwandais s’est échiné à bâtir depuis plus de 20 ans», commente le département d’Etat américain, dans un communiqué diffusé samedi 2 janvier.
Washington qui a invité Kagame à quitter le pouvoir à la fin de son deuxième mandat (2017), de même que la communauté internationale, a appelé «le gouvernement rwandais à garantir et protéger le droit de ses citoyens à exercer leur liberté d’expression, de conscience et de réunion pacifique, caractéristiques des vraies démocraties».
Le président rwandais, 58 ans, avait déjà annoncé qu’il se plierait à la volonté du peuple rwandais et non à celle des étrangers. La modification de la Constitution, une initiative populaire, selon les autorités, a permis de faire sauter la limite de deux mandats et donne l’occasion à Kagame de rester au pouvoir jusqu’à 2034.