Certains membres du gouvernement au Cameroun ont signé, avec d’autres dignitaires du pays, une motion dans laquelle ils invitent le président Paul Biya à anticiper l’élection présidentielle de 2018 et de s’y porter candidat.
Les signataires du document évoquent le fait que l’organisation de quatre élections importantes en 2018 dans le pays, coïncide avec l’achèvement des travaux liés à l’organisation de la CAN 2019, ce qui risquerait de surcharger «davantage l’agenda présidentiel».
Le Cameroun devra organiser des élections législatives, municipales, sénatoriales et le scrutin présidentiel en 2018. Le pays devra aussi s’atteler à l’organisation de la coupe d’Afrique des nations de football qui débutera en janvier 2019 et dont les chantiers y afférents devraient s’achever en juillet 2018.
Les signataires de la motion, rendue publique lundi, ont suggéré au président Biya «seul juge de l’opportunité, d’examiner la possibilité d’anticiper l’élection présidentielle de 2018, afin de disposer de plus de temps pour gérer d’autres engagements d’Etat d’importance capitale». Par cette anticipation, le chef de l’Etat aurait aussi l’occasion, selon les signataires, d’enrayer, sans trop tarder, la guerre contre le terrorisme jihadiste à l’Extrême-Nord du pays.
Parmi les signataires de la motion figurent deux poids lourds, notamment le premier ministre, Philemon Yang et le ministre chargé des missions à la présidence et Secrétaire permanent du conseil national de la sécurité, Paul Atanga Nji, présenté comme un proche collaborateur du chef de l’Etat.
Mais des voix se sont levées pour dénoncer cette suggestion faite au président Biya, car affirment-elles, leurs auteurs n’agiraient que pour protéger leurs propres intérêts égoïstes.
Un parti d’opposition, le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM) et une ONG, le Collectif des patriotes panafricanistes (CPP), auraient invité Paul Biya à ignorer la motion et à oser «surprendre le Cameroun et la communauté Internationale».
«Monsieur le président, pensez aux Camerounais. Ils ne pensent qu’à leurs avantages et à leur carrière, nous pensons, nous, à l’avenir de notre pays. Nous voulons, vous délivrer de la lourde responsabilité du déclin ou du chaos éventuel que cette nouvelle candidature peut engendrer», auraient-ils écrit dans un communiqué conjoint.