La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo a annoncé vendredi 12 février à Kigali, que le Rwanda envisageait de renvoyer les réfugiés burundais présents sur son territoire vers «des pays tiers».
Cette mesure est envisagée en représailles des accusations de déstabilisation du Burundi, dont le Rwanda fait l’objet de la part de Washington et de Bujumbura.
Interpellés par cette annonce, les représentants du Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) affirment avoir rencontré des responsables rwandais qui leur ont assuré que le Rwanda continuerait «à respecter ses obligations internationales» et s’engageait à «ne pas expulser de force des réfugiés».
Le HCR a demandé aux autorités rwandaises que soit clarifiée la déclaration de Mushikiwabo afin d’éviter tout malentendu. Toutefois, l’annonce du chef de la diplomatie rwandaise a provoqué des inquiétudes parmi les réfugiés burundais qui s’interrogent sur le sort qui leur est réservé, selon certains témoignages relayés par la presse.
Depuis que la crise politique a éclaté au Burundi en avril 2015, au total 75.000 Burundais ont trouvé refuge au Rwanda, parmi lesquels de nombreux opposants, des militants associatifs et des journalistes.
Pour rappel, les Etats-Unis ont accusé dernièrement le Rwanda de chercher à «déstabiliser» le Burundi, en recrutant et en armant des réfugiés burundais afin de «les enrôler dans une rébellion contre le régime du président burundais, Pierre Nkurunziza.»
Le Burundi lui-même accuse, depuis des semaines, son voisin de soutenir les rebelles burundais. D’ailleurs, sur recommandation du gouvernement, plusieurs milliers de Burundais ont manifesté à travers le pays, ce samedi, pour dénoncer «les actes d’agression» du Rwanda et de son président Paul Kagame.
C’est dans ce contexte tendu qu’une délégation de chefs d’Etat africains, mandatée par l’Union africaine, est attendue prochainement à Bujumbura pour s’entretenir avec Nkurunziza.
Pour sa part, l’Union européenne devrait entériner ce lundi, la suspension prochaine de son aide directe au gouvernement burundais, suite à l’échec des consultations sur les droits de l’homme et la démocratie.