Le ministère burundais de l’intérieur et de la formation patriotique a annoncé jeudi, l’intention de son pays de déposer auprès des tribunaux internationaux habilités, une plainte contre le président rwandais, Paul Kagame.
Le Burundi accuse, en effet, le Rwanda et son président d’entraîner et d’enrôler des réfugiés burundais vivant dans des camps rwandais, dans l’objectif d’éliminer des leaders burundais et de porter un coup aux institutions en place à Bujumbura.
«Nous demandons qu’une plainte soit déposée contre Paul Kagame dans les tribunaux internationaux habilités afin qu’il s’explique sur les agissements contre le Burundi», a réclamé le ministre de l’intérieur, Pascal Barandagiye, dans le communiqué.
Barandagiye garantit que le Burundi détient des preuves que Kagame collabore avec des opposants burundais qui veulent déstabiliser les institutions burundaises et mettre fin au régime en place.
L’on se rappelle que, récemment, les forces de sécurité de Bujumbura exhibaient un homme arrêté et présenté comme un militaire rwandais, un espion «espion» pour «déstabiliser» le Burundi. «C’est un militaire actif de l’armée rwandaise, il s’appelle Caporal Rucyahintare Cyprien, matricule 284049 et il est du camp de Gabiro (nord-est du Rwanda)», affirmait, à la presse, Pierre Nkurikiye, le porte-parole de la police. Ce dernier a ajouté aussi que ce Caporal «était en mission d’espionnage et c’était la troisième qu’il effectuait un voyage au Burundi».
Mais pour l’opposition, les propos du ministre Barandagiye constituent une diversion, la seule cause de la crise politique au Burundi étant, selon elle, le 3e mandat illégal du président Pierre Nkurunziza.
Le président du Front pour la démocratie du Burundi (FRODEBU, opposition), Léonce Ngendakumana, estime que si le fait que le Rwanda ait accepté d’abriter les réfugiés sur son territoire constitue un problème pour le Burundi, celui-ci devrait passer par des «voies autorisées dans des négociations avec le HCR et avec le Rwanda pour peut-être les déplacer vers un autre pays». Ces réfugiés, a-t-il assuré, « ne devraient pas retourner dans un pays où il y a l’insécurité, où il y a la chasse à l’homme».