Le groupe terroriste nigérian Boko Haram a décuplé le nombre d’enfants qu’il a utilisés comme des kamikazes dans des attaques-suicides entre 2014 et 2015, dans la région du lac Tchad, selon des estimations de l’Unicef publiées mardi 12 avril.
Au total, en une année, 44 enfants ont été impliqués dans des attaques suicides menées au Cameroun, au Tchad et au Nigeria, contre quatre en 2014. Le Cameroun a enregistré le plus grand nombre de ces attentats (21), suivi par le Nigeria (17) et le Tchad (2).
Parmi ces enfants kamikazes, plus de 75% étaient des filles, précise l’Unicef dans son rapport «Beyond Chibok» («Au-delà de Chibok»). Notons que Chibok est une petite au nord-est du Nigeria, où, il y a deux ans, 276 lycéennes avaient été enlevées par la secte islamiste Boko Haram. A l’heure actuelle, 219 d’entre elles sont encore prisonnières des djihadistes. Cet enlèvement avait provoqué une vague d’indignation à travers le monde.
D’après l’Unicef, la hausse du nombre des enfants-kamikazes «crée une atmosphère de peur et de suspicion qui a des conséquences dévastatrices» chez les enfants, en particulier ceux qui ont été libérés après avoir vécu en captivité entre les mains des groupes armés. En effet, ils sont désormais considérés comme une menace potentielle pour leurs communautés, note l’Unicef.
A ceux-là, s’ajoutent des enfants nés de mariages forcés ou à la suite de violences sexuelles qui «se heurtent également à la stigmatisation et la discrimination» dans leurs villages et dans les camps de déplacés.
Boko Haram qui au départ concentrait ses actes terroristes au Nigeria a ciblé progressivement d’autres pays voisins. L’année dernière, la secte a perpétré, selon l’Unicef, 89 attentats kamikazes au Nigeria, 39 au Cameroun, 16 au Tchad et 7 au Niger. Toutefois, le groupe serait en train de perdre progressivement sa capacité de frappe, grâce notamment aux offensives décisives menées par les armées de la région.