Le gouvernement ougandais vient d’interdire la couverture médiatique en direct de toute manifestation organisée par les leaders et formations de l’opposition.
La mesure a été prise à la suite d’une décision de justice interdisant au leader de l’opposition, Kizza Besigye, de mener sa «campagne de défiance» contre la réélection en février du président Yoweri Museveni, l’accusant de fraudes massives lors du scrutin. Besigye a appelé, à cet effet, ses partisans à manifester contre cette réélection.
Pour sa part, le ministre de l’Information, Jim Muhwezi a mis en garde que «cette interdiction prend effet immédiatement », précisant que «tout média qui enfreint cette directive (…), risque de perdre sa licence de diffusion».
Accusé de vouloir s’accaparer du pouvoir par des moyens illégaux, l’opposant historique a dû être arrêté par la police à trois reprises et en peu de temps, pendant la campagne électorale, le jour du scrutin, ensuite après l’annonce des résultats de la présidentielle qui l’avaient placé en deuxième position.
L’ambassade des Etats-Unis en Ouganda a qualifié la décision du gouvernement de «décevante», sur son compte Twitter.
«Je pense aussi que les médias devraient braver cette interdiction», a affirmé, pour sa part, le directeur général du Centre africain d’excellence dans les médias, Peter Mwesige, qui soutient les journalistes.
«S’il s’agit d’activités sur la voie publique, d’activités légitimes, il faut les couvrir ! Les médias doivent tenir tête au gouvernement», a-t-il ajouté, au nom de la liberté de presse. Pour lui, «ce n’est pas en s’écrasant devant le pouvoir qu’on défend» cette liberté de presse. Les médias «doivent contester la décision du gouvernement, devant les tribunaux, s’il le faut. Ils ne doivent pas capituler sans conditions et sans discussions», toujours selon Mwesige.
Au pouvoir depuis 1986, le chef de l’Etat sortant a été réélu dès le premier tour avec 60,62% des voix, pour un cinquième mandat. Il sera investi le 12 mai à Kampala.