Le gouvernement kenyan a annoncé une nouvelle fois, ce week-end, son intention de fermer rapidement ses camps de réfugiés et de ne plus accueillir de nouveaux réfugiés sur son sol, particulièrement ceux d’origine somalienne, pour des raisons de sécurité nationale, précise le ministère kényan de l’Intérieur.
Les camps menacés de fermeture sont ceux de Kakuma (nord-ouest) et de Dadaab (est) qui est le plus grand camp de réfugiés au monde et qui accueille depuis 1991, les personnes fuyant la guerre civile en Somalie. Ces deux principaux camps logent près de 600.000 personnes de nationalité somalienne, sud-soudanaise, burundaise ou encore congolaise.
La mesure de rapatriement devrait toucher en premier lieu des réfugiés somaliens, parmi lesquels pourraient se cacher, selon les autorités, des islamistes radicaux Shebab, avant de s’étendre vers d’autres nationalités, précise le ministère de l’intérieur dans un communiqué.
Pour rappel, suite à l’attaque contre l’université de Garissa, en avril 2015, le vice-président kényan avait accordé un délai de trois mois, au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), pour rapatrier tous les réfugiés somaliens dans leur pays.
Décidemment, le Kenya a balayé d’un revers de la main la mise en garde du HCR qui lui avait notifié son obligation légale de protéger les réfugiés et qu’il ne lui était pas permis de les refouler de force.
En 2013, les gouvernements kényan et somalien avaient signé avec le HCR un «accord tripartite» destiné à faciliter le retour volontaire des réfugiés somaliens dans leur pays. Mais quelques milliers seulement, sont retournés volontairement en Somalie.
Cette fois-ci, c’est Amnesty International (AI) qui monte au créneau en parlant d’une «décision irréfléchie». «Cette décision irréfléchie du gouvernement kényan est un renoncement de son devoir de protéger les personnes vulnérables et mettra des milliers de vie en danger», a alerté Muthoni Wanyeki, directeur régional pour l’Afrique de l’Est d’AI.
Pour cette ONG dédiée à la défense des droits de l’Homme, le renvoi forcé des réfugiés n’est pas une option à envisager et serait en violation des obligations incombant au Kenya au titre du droit international.
Certains responsables au sein d’Amnesty soupçonnent, derrière la conduite du Kenya, une manière d’exiger de la communauté internationale, des fonds supplémentaires.