Des crimes contre l’humanité auraient été commis en Erythrée depuis 1991, d’après un rapport d’une Commission d’enquête de l’ONU publié mercredi 8 juin à Genève.
La Commission a été mise en place en 2014 par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour mener des investigations sur les violations des droits humains en Erythrée. Il ressort du rapport que, depuis que l’Erythrée a acédé à son indépendance en 1991, «des crimes contre l’humanité, tels que l’esclavage, l’emprisonnement, la disparition forcée, la torture et d’autres actes inhumains, comme la persécution, le viol et le meurtre, ont été commis» dans ce pays d’Afrique, l’un des plus pauvres au monde.
Le document de la Commission d’enquête dénonce l’existence d’un service militaire national illimité, une forme d’esclavage qui aurait poussé de nombreux Érythréens à fuir le pays, et de prisons secrètes où se pratiquent des formes sophistiquées de torture et une terreur générale.
«Il y a un climat d’impunité pour les crimes contre l’humanité commis depuis un quart de siècle», a déclaré Mike Smith, président de la Commission d’enquête.
Les enquêteurs ont demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de porter ce dossier à la Cour internationale de justice, pour poursuivre les auteurs des crimes dénoncés qui seraient parmi «des responsables du gouvernement, du parti au pouvoir, des commandants militaires et des membres du bureau de sécurité.»
Les autorités érythréennes ont réagi au rapport de l’ONU en le qualifiant de sans fondement. Elles remettent en cause la méthodologie des enquêteurs qui ne se sont basés que sur les témoignages des Erythréens vivant à l’étranger et demandeurs d’asile.
«La commission d’enquête n’a aucune preuve ni aucune base légale solide pour soutenir ses accusations extrêmes et sans fondement. Son rapport ne se conforme pas aux règles d’impartialité, d’objectivité et de non-sélectivité édictées par l’ONU», a dénoncé Yemane Ghebreab, directeur des Affaires politiques du parti unique au pouvoir.
«La méthodologie suivie par la commission d’enquête, a-t-il martelé, est si profondément biaisée qu’elle disqualifie son contenu et rend ses conclusions nulles et non avenues».