Un journaliste mauritanien a écopé de trois ans de prison ferme, jeudi 14 juillet à Nouakchott, pour avoir lancé sa chaussure sur un ministre, selon une source judiciaire et ses avocats.
Le journaliste Cheikh Baye Ould Mohamed participait le 30 juin passé, à un point de presse hebdomadaire du porte-parole du gouvernement, Mohamed Lemine Ould Cheikh, lorsqu’il lui a lancé sa chaussure, sans l’atteindre, le qualifiant de «ministre du mensonge».
Inculpé et écroué le 11 juillet dernier pour «outrage et violence contre une autorité publique durant l’exercice de ses fonctions», il a été jugé jeudi et condamné par la Chambre correctionnelle du tribunal de Nouakchott.
Les avocats de la défense ont reproché au juge de ne pas avoir prononcé la peine minimale réclamée par le procureur à l’encontre de leur client et ont qualifié la décision de la justice d’«insensé». Ils ont annoncé qu’ils interjetteront appel.
Même son de cloche au niveau du «Mouvement du 25 février», dont fait partie le journaliste, qui a vivement protesté le verdict de la justice. Ce mouvement de jeunes, né dans le sillage du printemps arabe et opposé au régime en place, avait approuvé le geste de Cheikh Baye en direction du ministre et l’avait qualifié de «protestation civilisée et dans les normes».
Cheikh Baye Ould, âgé d’une trentaine d’années, anime un site d’informations baptisé «Meyadine». Son action rappelle celle d’un journaliste irakien qui en 2008, lors d’une conférence de presse à Bagdad, avait projeté sa chaussure de sport au visage du président américain d’alors, George W. Bush, mais ce dernier avait réussi à l’esquiver.