Le Burundi s’est opposé catégoriquement au déploiement de policiers de l’ONU sur son territoire, prétextant que la résolution onusienne autorisant ce déploiement, a été adoptée sans son accord.
Le Conseil de sécurité a voté le vendredi 29 juillet, un projet de résolution concocté par la France, et prévoyant le déploiement progressif de 228 policiers de l’ONU au Burundi, pour tenter d’y ramener le calme et de faire respecter les droits de l’Homme.
La première réaction au Burundi était une manifestation organisée, samedi 30 juillet par le pouvoir, pour protester contre la décision des Nations unies. Elle a rassemblé un millier de personnes à Bujumbura, la capitale. Le maire de Bujumbura, des députés et de nombreux hauts cadres du parti au pouvoir (CNDD-FDD) et de l’administration figuraient au premier rang des manifestants. «Le peuple burundais dit ‘non’ à la résolution 2303 de l’ONU», proclamait l’une des pancartes brandies par les manifestants.
Ce mardi, le gouvernement a officiellement affirmé, dans une déclaration, son opposition face à la résolution onusienne. Pour les autorités, les forces armées burundaises «maîtrisent parfaitement la situation». Elles craignent que «le déploiement d’une force étrangère ne vise qu’à préparer la base arrière des éléments terroristes actuellement mis en déroute.»
Dans la foulée, Bujumbura s’est en pris à la France et au Rwanda, considérés comme des adversaires du moment par le Burundi. Faisant allusion à l’expérience controversée de la France au Rwanda en 1994, la déclaration burundaise affirme qu’il «est hors de question (…) que le Burundi accepte de payer les frais de la réconciliation entre ces deux pays par le sacrifice de sa population.»
Notons qu’une partie de l’opposition est aussi opposée à l’envoi des policiers onusiens au Burundi. Lors d’une conférence de presse en fin de semaine dernière, le président des Forces Nationales de Libération (FNL) a, entre autres, accusé la France de profiter de son siège au Conseil de Sécurité pour outrepasser les règles élémentaires du droit international.
«Le Burundi est un pays souverain et la France, cachée derrière le Conseil de Sécurité, souhaite envoyer au Burundi, sans en aviser les Burundais, 228 policiers de l’ONU pour espionner… », a-t-il martelé.