Les Accords de partenariat économique (APE) d’étape ratifiés par le Cameroun avec l’Union européenne (UE) en juillet 2014, sont entrés officiellement en vigueur ce jeudi, aux termes d’un décret signé par le président camerounais, Paul Biya, ordonnant son application.
Les autorités camerounaises ont affiché leur satisfaction face à cet accord de libre-échange avec l’UE qui concernent 25% des produits d’exportation du pays et qui devraient faciliter les exportations du Cameroun vers les pays de l’Union Européenne.
En retour, le Cameroun s’est engagé à démanteler ses barrières douanières pour 80% des importations en provenance de l’UE, pendant 15 ans, à partir du 1er janvier 2018.
Les entrepreneurs locaux redoutent par contre un effondrement des entreprises du pays qui par leur taille et par leur manque de moyens conséquents, ne sont pas à même de concurrencer les industries européennes. Et ce, en dépit du fait que les autorités camerounaises ont prévu un programme de mise à niveau des entreprises locales.
La même inquiétude est ressentie chez la société civile. Pour l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (ACDIC), ces accords sont précipités pour le marché camerounais, qui est «en pleine reconstruction» ;
Quant aux pays voisins du Cameroun, ceux-ci estiment les autorités camerounaises ont agi au grand dam des pays constituant la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). L’organisation sous-régionale souhaitait, en effet, un accord «complet, juste et équilibré» entre l’UE et l’ensemble des Etats membres de la Cemac.
D’ailleurs, le ministre gabonais de l’Economie, Régis Immongault, réagissant à la publication du décret du président camerounais, a déclaré que la décision unilatérale du Cameroun est «inapplicable», en ce sens que l’accord Cameroun/UE «remet en cause l’union douanière au sein de la Cémac».
Certaines ONG et économistes dénoncent, à leur tour, un «libre-échange à sens unique» qui ne profite qu’au marché européen et qui menace la fragilité des économies africaines.
Pourtant, l’UE a déjà conclu plusieurs accords de type «APE» avec les régions Afrique, Caraïbe, Pacifique (ACP).