Le ministère tchadien de l’Intérieur a publié ce jeudi, un décret interdisant des rassemblements prévus par l’opposition ce week-end à la veille de l’investiture lundi 8 août, du président Idriss Deby Itno.
«Le meeting et la marche de l’opposition prévus le 6 et le 7 août sont interdits sur l’ensemble du territoire national», indique l’arrêté.
L’opposition tchadienne, qui ne reconnaît pas la réélection de Deby, avait prévu, en effet, des rassemblements ce week-end, afin de manifester contre un «hold-up électoral». Elle avait également projeté, pour lundi, une opération «ville morte sur l’ensemble du territoire national».
Déterminés à faire barrière au chef de l’Etat, l’opposition tchadienne s’est mise en ordre de bataille en créant, la semaine dernière, le Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac) qui réunit une trentaine de partis de l’opposition. Son objectif, inciter les Tchadiens à «se lever comme un seul homme» contre le régime Deby que le Fonac considère comme «illégal» et «illégitime».
Mais une autre coalition politique de l’opposition, la Coalition des Regroupements des Partis Politiques d’Opposition (Corpo), n’approuvant pas la démarche du Fonac, appelle à l’ouverture d’un dialogue inclusif des partis politiques et de la société civile au Tchad, le seul gage, selon elle, d’une paix sociale dans le pays.
Selon la Corpo, «le Fonac est crée pour une circonstance ou pour un intérêt égoïste anti-opposition et antisocial», et «vu sa position actuelle», il «ne favorisera pas la paix qui est acquise pendant des années au Tchad». Elle a demandé «au peuple tchadien de ne pas se laisser tromper par les hommes qui n’ont qu’un seul projet de société, le ventre. Car, on ne peut pas prétendre gouverner en voulant coûte que coûte, sacrifier son peuple ou bâtir sur le sang de son peuple».
Pour le gouvernement, le Fonac a pour ambition de troubler l’ordre public et d’intoxiquer l’opinion nationale et internationale. En revanche, certains observateurs de la scène politique tchadienne, estiment que le nouveau front commun risquerait de «déstabiliser sérieusement» les autorités qui seront issues du cinquième mandat de Déby.
Idriss Deby, 64 ans, au pouvoir depuis 1990, a été réélu dès le premier tour pour un cinquième mandat avec 61,56% des voix. Plusieurs invités étrangers sont attendus à la cérémonie de son investiture.