Le ministre sud-africain des Finances, Pravin Gordhan, a indiqué dans un communiqué, rendu public mercredi, qu’il ne se rendrait pas à la convocation émise par les Hawks, une unité spéciale de la police chargée de lutter contre l’évasion fiscale.
«Je n’ai aucune obligation légale de me présenter à cette convocation des Hawks. Je ne compte pas m’y présenter», a déclaré le ministre. «J’ai un travail à faire dans un environnement difficile pour servir l’Afrique du Sud du mieux que je peux. Laissez-moi faire mon travail», a poursuivi Gordhan.
Pravin Gordhan devait s’expliquer ce jeudi sur les activités de l’un de ses services lorsqu’il était directeur de l’administration fiscale, il y a 9 ans. Le service visé aurait espionné des hommes politiques, dont l’actuel président sud-africain, Jacob Zuma. Dans le cadre de l’enquête sur l’affaire ouverte en 2015, sont également convoqués par les Hawks, au même titre que Gordhan, quatre autres anciens membres du fisc.
Le ministre des Finances qui a toujours nié les accusations à son encontre, a encore affirmé que celles-ci «sont totalement infondées». Gordhan s’était déjà plaint de recevoir des «intimidations» de la part des Hawks pour le même dossier.
La nouvelle relative à l’interpellation de Gordhan inquiète les milieux financiers et a fait chuter la devise nationale, le rand qui avait déjà perdu mardi soir -4% de sa valeur face au dollar. Mercredi soir, un dollar s’échangeait contre 14,20 rand.
Nombreux observateurs voient dans cette affaire une manœuvre politique pour se débarrasser du ministre des Finances, dont les relations avec le chef de l’Etat ne sont pas bonnes. Celui qui a été nommé en décembre 2015, principalement pour rassurer les investisseurs est perçu comme faisant barrage à plusieurs projets du gouvernement jugés bien trop couteux pour le pays.
En avril, alors que le président Jacob Zuma avait été déclaré coupable d’avoir violé la Constitution en refusant de rembourser l’argent public utilisé pour rénover sa propriété privée, Gordhan avait déclaré qu’«une fois que vos actions sont jugées contraires» à la Constitution, «on doit réaliser qu’on s’éloigne de son devoir de servir le peuple».