Une ONG suisse, Public Eye, a publié ce jeudi 15 septembre un rapport intitulé «Dirty Diesel», dans lequel elle dénonce les pratiques peu scrupuleuses des négociants suisses qui écoulent du carburant toxique en Afrique.
Une enquête menée pendant trois ans dans huit pays africains (Angola, Bénin, République du Congo, Ghana, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal et Zambie) a permis à Public Eye de découvrir que les traders suisses écoulent, en Afrique, des carburants dont la teneur en soufre est plus de 300 fois plus élevée que le seuil autorisé en Europe.
Public Eye a analysé une série d’échantillons prélevés sur place. Plus des deux tiers des échantillons de diesel ont une teneur en soufre supérieure à 1500 parties par million (ppm), soit 150 fois la limite européenne (de 10 ppm).
Ces traders profiteraient, selon l’ONG, «des faibles standards» sur le continent pour vendre du carburant particulièrement toxique aux consommateurs africains. Plus que l’essence et le diesel toxiques, les négociants suisses fabriquent également des produits baptisés «qualité africaine» en mélangeant «divers produits pétroliers semi-finis à d’autres substances pétrochimiques». «De nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, qui exportent vers l’Europe du pétrole brut d’excellente qualité, reçoivent ainsi en retour des carburants toxiques», estime Public Eye.
Ce carburant a des conséquences désastreuses sur la qualité de l’air et donc sur la santé publique. Le soufre contribue à l’émission de particules fines qui se logent profondément dans les poumons et provoquent de nombreuses maladies cardiaques et respiratoires.
Le rapport affirme que quatre sociétés suisses, notamment Vitol, Trafigura, Addax & Oryx et Lynx Energy, profitent de ce marché en tant qu’actionnaires dans les sociétés de distribution. Mais Trafigura et Vitol ont contesté le document de Public Eye et ont souligné que les détaillants avec lesquels ils travaillent, respectent les limites légales strictes des pays.
Public Eye invite les Etats à mettre en place des législations plus contraignantes, à l’instar des cinq pays de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (la Tanzanie, le Kenya, le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda) qui, depuis 2015, se sont accordés pour faire significativement baisser la teneur en soufre dans le carburant qu’ils importent.