Des affrontements meurtriers ont éclaté ce lundi 19 septembre à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, entre la police et des manifestants hostiles au régime du président Joseph Kabila, faisant un bilan de 17 morts, dont 3 policiers, et 14 civils blessés par balles, d’après le ministère de l’Intérieur. L’opposition a dénombré, pour sa part, une cinquantaine de morts.
Ces heurts ont eu lieu avant même l’heure indiquée pour le démarrage officiel de la manifestation de l’opposition prévue ce jour. D’après Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, la manifestation n’était pas pacifique. «C’était vraiment un schéma de guerre civile qu’ils voulaient répandre dans la grande agglomération, avec des destructions, des actes de vandalisme, des meurtres de policiers», a affirmé Mende, ajoutant que «nous avons pris comme décision d’annuler cette manifestation, parce qu’elle visait simplement à perturber l’ordre public et à détruire le maigre tissu économique de ce pays qui n’a que trop souffert.»
Pour le ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab, les actes de violences des manifestants avaient l’air d’un mouvement insurrectionnel qui n’avait pour objectif que de prendre le pouvoir par la force. «La ville de Kinshasa vient de faire face à un mouvement insurrectionnel qui s’est soldé par un échec», a-t-il déclaré.
Le mot d’ordre pour la marche a été donné par le «Rassemblement» des principaux partis d’opposition. Il était question de manifester pour signifier à Kabila son «préavis», trois mois avant l’expiration de son mandat, le 20 décembre, et exiger la convocation de la présidentielle avant cette date.
Pour plusieurs observateurs, Kabila ne semble pas disposé à abandonner son fauteuil présidentiel, d’autant plus qu’en mai dernier, il a obtenu de la Cour constitutionnelle l’autorisation de se maintenir en poste tant qu’un nouveau président n’est pas élu. Pour le régime au pouvoir, il est pratiquement impossible d’organiser l’élection présidentielle dans les temps, à cause du fichier électoral qui ne pourrait être finalisé avant 2017.
La France a jugé la situation de «très dangereuse et extrêmement préoccupante» et a exhorté, à travers son ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, au respect de l’ordre constitutionnel. Les organisations internationales de défense des droits de l’homme ont appelé, elles, à respecter les libertés d’expression, ainsi qu’à autoriser des manifestations pacifiques.