Un don de cent trente tablettes numériques, d’un coût global estimé à 65 millions de francs CFA (environ 99.000 euros), effectué le 10 novembre dernier par le géant chinois Huawei en faveur de l’Assemblée nationale burkinabè, continue de défrayer la chronique dans le pays.
Pour cause, la valeur du don dépasse les 35 000 FCFA (53 euros) autorisés par la loi anticorruption. «Les tablettes ont été données à l’Assemblé en tant qu’institution. Le hic, c’est que l’Assemblée a tout simplement procédé à la distribution de ces tablettes aux députés», s’est insurgé un des responsables de la société civile, Evariste Konsimbo, président du Cercle d’éveil.
«Et ce qui est immoral, c’est que l’Assemblée c’est le haut lieu de l’expression de la souveraineté de notre pays et que des pratiques comme ça se fasse, ça donne froid dans le dos», a-t-il déploré.
Huawei est chargée de la réalisation des travaux de construction de la fibre optique qui doit relier Ouagadougou à la frontière du Ghana.
«Qu’un gouvernement accepte un cadeau d’une entreprise qui a obtenu un marché au Burkina Faso, d’un montant qui avoisine les 5 milliards, ça nous pose un problème», a estimé, pour sa part, Harouna Sinon, gestionnaire des programmes au REN-LAC, qui dénonce une attitude «en parfaite contradiction avec l’esprit de la loi anticorruption».
Pour un expert en informatique de la place, l’Assemblée nationale aurait, au moins, fait diagnostiquer ces appareils pour s’assurer qu’ils n’embarquent pas des logiciels ou des composants espions.
Vraisemblablement, cette situation ne serait pas une première. En 2013, les députés de l’Assemblée Nationale avaient reçu un autre don d’un pays ami constitué d’ordinateurs portables et de tablettes.