Les militants anti-esclavagistes mauritaniens, jugés pour leur participation à une manifestation contre l’évacuation d’un bidonville, ont vu leur peine durcir, en appel, à 20 ans, alors que les condamnations prononcées en août par un tribunal de la capitale, s’échelonnaient de trois à 15 ans de prison.
«Le procureur a requis 20 ans de prison ferme contre l’ensemble du groupe», soutenant que tous avaient «directement pris part aux événements», et les accusant de «rébellion contre la force publique et de vandalisme», a indiqué une source judiciaire à Noakchott.
Treize militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA, ONG anti-esclavagiste) avaient été interpellés et accusés par la justice d’avoir participé à une violente manifestation qui avait pour objectif d’empêcher les autorités de déplacer le bidonville de Ksar, dans le centre de Nouakchott, le 29 juin dernier.
La contestation qui avait viré à l’affrontement avait fait une dizaine de blessés parmi les agents de police, selon les autorités. Sept habitants du bidonville avaient également été arrêtés dans le même cadre.
Les accusés sont poursuivis pour «rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé ». A cela s’ajoute «l’appartenance à une organisation non reconnue», pour ce qui est des militants anti-esclavagistes.
Leur procès en appel s’est ouvert lundi 14 novembre à Zouerate, au nord du pays. Parallèlement, les avocats français de l’IRA ont déposé une plainte à Paris, visant de hauts responsables mauritaniens, accusés de tortures et de mauvais traitements à l’encontre de militants anti-esclavagistes. Ces avocats estiment que cette plainte est recevable en vertu du principe de compétence universelle.
Les militants détenus qui continuent de plaider non coupable devront encore prendre leur mal en patience. En Mauritanie, le procès devrait s’achever d’ici la semaine prochaine.
L’IRA s’évertue à dénoncer avec force les pratiques d’esclavage qui perdurent encore dans le pays, alors l’esclavage a officiellement été aboli depuis 1981. «20% de la population est victime de travail forcé. Ils n’ont pas de pièce d’identité ni d’accès aux soins. Les femmes et les filles subissent régulièrement des viols», a fait savoir, le lundi, le président de l’ONG, Biram Ould Dah Ould Abeid. Depuis 2015, l’esclavage en Mauritanie est réprimé par des peines allant jusqu’à 20 ans de prison.