Le ministre gabonais de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha, a annoncé ce samedi 3 décembre le report des élections législatives qui étaient prévues se tenir au cours de ce mois de décembre. L’opposition a dénoncé cette décision.
D’après les explications fournies par le ministre, la décision vient de la Cour constitutionnelle qui a été saisie par la commission électorale, au sujet d’une insuffisance de budget pour organiser le scrutin. Il est impossible «d’organiser cette élection en ce mois de décembre 2016, en raison de l’insuffisance des dotations financières prévues à cet effet», selon la Commission électorale.
La Cour constitutionnelle a ainsi reporté le scrutin, tenant aussi compte des dépenses imprévues consécutives aux violences enregistrées à l’issue de l’élection du président Ali Bongo. Elle a prorogé, par la même occasion, le «mandat de l’actuelle législature jusqu’à la proclamation des résultats» des prochaines élections. L’actuelle assemblée est composée de 114 députés sur 120, issus du parti du président Bongo.
Le gouvernement «s’engage à prendre toutes les mesures appropriées pour respecter» ce nouveau délai, a rassuré le ministre.
L’opposition a dénoncé les deux mesures prises par la Cour. Concernant le report du scrutin, elle estime que la raison financière n’est pas valable dans la mesure où le budget était voté depuis décembre 2015. «C’est en novembre 2016, près d’un an après, qu’on vient réaliser que le budget n’est pas suffisant? Le budget est annuel», fait part Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole du chef de file de l’opposition Jean Ping.
Les décisions de la Cour n’ont fait qu’envenimer la colère de l’opposition qui n’a toujours pas reconnu, jusqu’ici, la réélection du président Bongo, fin août dernier. L’opposition continue aussi de refuser le dialogue politique prôné par Ali Bongo. Alors que les autorités estiment que ce dialogue permettrait d’organiser le scrutin législatif dans un climat apaisé.
«Il nous est apparu de bon sens de commencer d’abord par réunir les conditions du dialogue pour une élection législative apaisée», a affirmé le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nzé, lors d’une conférence de presse. «On n’ira pas au dialogue», et «il faut dire au porte-parole (du gouvernement) que les législatives sont inscrites dans la Constitution, pas le dialogue», a répondu Ntoutoume Ayi, au cours d’une déclaration à l’AFP.