Le principal parti de l’opposition en Afrique du Sud, l’Alliance Démocratique (DA) a contesté en justice le retrait de Pretoria de la Cour pénale internationale (CPI), jugeant la décision du gouvernement d’illégale et d’invalide.
«Nous mettons en doute la rationalité et la constitutionnalité des décisions prises par le gouvernement sud-africain», a déclaré l’avocat de la DA, Steven Budlender. «Nous pensons que cette décision a été prise sans respecter la procédure, notre Constitution prévoit une procédure qui n’a pas été suivie, et pour ces raisons, nous pensons que cette cour devrait annuler cette décision, car elle est irrationnelle et non-conforme à la Constitution», a poursuit l’avocat.
Tout en dénonçant «l’usurpation des pouvoirs législatifs du Parlement», lundi devant le juge, Steven Budlender a ainsi martelé que «seul le Parlement peut décider du retrait de l’Afrique du Sud du traité.»
Le cabinet juridique de l’AD craint que les Sud-africains n’aient plus la possibilité de poursuivre les adeptes du non-respect des droits de l’Homme. Si «l’Afrique du Sud échoue dans ses devoirs» de rendre justice, «alors il est impératif que les gens aient la possibilité de s’assurer que ceux qui ont commis des violations des droits de l’homme soient poursuivis par la CPI. Et la décision du gouvernement de se retirer de la CPI a supprimé cette protection», a fait savoir Me Budlender.
Les autorités sud-africaines avaient annoncé en octobre dernier leur retrait du statut de Rome, dans un courrier adressé aux Nations-Unies. Une initiative suscitée par les critiques de la CPI à l’encontre de l’Afrique du Sud qui avait refusé d’arrêter le président Omar Al-Béchir ,visé par un mandat d’arrêt international, alors qu’il se trouvait à Johannesburg, l’année dernière, pour le sommet de l’Union Africaine.
De l’avis de certains observateurs, si l’exécutif avait consulté les députés, sa décision serait retenue dans la mesure où le Parlement est contrôlé par l’ANC, le parti du président Jacob Zuma.
Le retrait de l’Afrique du Sud devrait entrer en vigueur en octobre 2017, à moins que la justice ne donne raison à l’opposition, à la satisfaction de la CPI qui exhorte les pays à ne pas se retirer du Statut de Rome. L’opposition a déjà prévenue que si sa demande est rejetée, elle saisira la Cour constitutionnelle.