Amnesty International plaide pour les poursuites contre le président gambien Yahya Jammeh, en vue d’éclairer sur les graves violations des droits de l’homme perpétrés durant son règne de 22 ans.
Son Directeur pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Alioune Tine, estime, d’après une interview qu’il a accordée à la presse, que poursuivre Jammeh permettra de rendre justice aux victimes de ses crimes présumés, mais aussi pourrait aider à empêcher que les mêmes crimes ne se reproduisent.
Yahya Jammeh a été battu à l’élection présidentielle du 1er décembre par un candidat de l’opposition. Il a accepté sa défaite, à la surprise de tout le monde. Toutefois, plusieurs observateurs sont d’avis que ce geste, qui a été largement salué aux quatre coins du continent, ne le dispense de rendre des comptes sur ses agissements contraires aux droits de l’homme, que des ONG n’ont cessé de dénoncer.
L’opposition gambienne semble s’aligner sur la même direction de demander des comptes à Jammeh. Un membre de la coalition de l’opposition qui a remporté la présidentielle a déclaré qu’il n’est pas question d’accorder une immunité à l’ancien président. «Il sera poursuivi dans un an, peut-être même avant. C’est mon opinion personnelle. Cela pourrait se faire dans trois mois parce que nous voulons vraiment aller très vite», a affirmé Fatoumata Jallow-Tambajang à Banjul.
«Il ne nous inspire pas confiance. Plus il a une marge de manœuvre, plus il a des possibilités de quitter le pays, d’échapper ou même de faire une insurrection. Il en est capable», a-t-elle poursuivi.
Pour sa part, Adama Barrow, l’opposant qui a réussi à détrôner Jammeh, a annoncé d’emblée qu’il procédera à l’audit de la présidence de son prédécesseur. Le successeur de Yahya Jammeh compte bâtir une nouvelle Gambie en divorçant avec tout ce qui a caractérisé le régime de son adversaire.
Alioune Tine, d’Amnesty International, a souhaité que «la CEDEAO, l’Union Africaine et les Nations Unies accompagnent et sécurisent le processus de transition» qui s’entame en Gambie.