La Communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique centrale (Cemac) a écarté toute idée de dévaluation du FCFA (la monnaie commune de la sous-région), contrairement aux rumeurs qui ont circulé ces derniers jours.
Les chefs d’Etat de la sous-région, réunis jeudi et vendredi à Yaoundé (Cameroun), en sommet extraordinaire sur la situation économique et monétaire de la zone, se sont opposés à cette démarche, affirmant que «le renforcement de la stabilité macro-économique ne nécessite pas un réajustement de la parité monétaire actuelle.»
Ils ont plutôt opté pour l’ouverture de négociations entre la Cémac et le Fonds monétaire international (FMI). «Les chefs d’Etat ont décidé d’ouvrir et de conclure à brève échéance des négociations bilatérales avec le Fonds monétaire international pour mieux structurer les efforts d’ajustement de leurs États», indique le communiqué final de la rencontre.
Les Etats d’Afrique centrale refusaient jusque-là de solliciter le FMI qui ne bénéficiait plus d’une bonne publicité au regard des impacts négatifs de ses programmes d’ajustement structurel (PAS), par le passé. Mais la morosité économique de la sous-région a semblé imposer ce recours à l’institution monétaire de Bretton Woods.
Le ministre français de l’Economie et des Finances, Michel Sapin, présent au sommet, a rassuré que «le FMI n’est pas le même que celui des années 1990». «On a tous souligné la nécessité de préserver les programmes sociaux et les investissements qui permettent de soutenir la croissance et diversifier les économies», a-t-il souligné. Les travaux de Yaoundé ont également enregistré la présence de Christine Lagarde, directrice générale du FMI.
La Cémac est composée du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo, du Gabon, de la Guinée-Equatoriale et du Tchad. La plupart d’entre eux sont frappés par la chute du pétrole. La croissance de la communauté en 2016 ne sera que de 1%, contre 2,4% en 2015, d’après les chiffres communiqués récemment par la Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC), soulignant «les effets dépressifs de la morosité du secteur pétrolier.»
La sous-région fait aussi face à un défi sécuritaire. Le Tchad et le Cameroun, notamment, sont mobilisés contre les djihadistes nigérians de Boko Haram. La Centrafrique, le seul pays non pétrolier de la zone, n’arrive pas encore à maîtriser les groupes armés présents dans le pays.