Le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell, accusé de pollution au Nigeria par deux collectifs locaux, a obtenu ce jeudi, de la Haute Cour de Londres, l’arrêt des poursuites au Royaume-Uni.
La Cour a estimé que Shell n’était pas responsable légalement des agissements de sa filiale SPDC et, de ce fait, ne pouvait donc faire l’objet de poursuites devant les tribunaux britanniques.
Cette décision a suscité plusieurs réactions. L’un des avocats des plaignants, Daniel Leader, a manifesté sa surprise au micro de l’AFP, rappelant, qu’il y a quatre ans, la Haute Cour européenne de justice avait estimé que Shell «exerçait une influence décisive sur la conduite de ses filiales». Il a fait savoir qu’ils feront appel.
Pour sa part, le roi d’une des communautés locales plaignantes, déçu par la décision de Londres, a martelé que «la bataille n’est pas terminée. Pas le moins du monde!». Dans un communiqué, ce chef traditionnel a attiré l’attention sur le fait que les plaignants ne demandent à Shell, qui fait des milliards de profits chaque année avec le pétrole nigérian, que de «de nettoyer son pétrole et de compenser les communautés dévastées.»
Certaines ONG de défense des droits de l’homme ont aussi fait part de leurs inquiétudes. Le cas d’Amnesty International dont un des responsables a déclaré que «cette décision donne un feu vert aux autres multinationales britanniques, celui de violer les droits de l’homme à l’étranger en toute impunité.»
Du côté du groupe pétrolier, le verdict de la Cour est plutôt un grand soulagement. «La décision de la Cour est pleine de bon sens, à savoir que les affaires impliquant des plaignants nigérians contre une société nigériane doivent être jugées au Nigeria sur la base de la loi nigériane», a fait savoir Igo Weli, directeur général des relations extérieures de SPDC.
Seulement les plaignants n’accordent pas de crédit au système judiciaire nigérian, qu’ils estiment corrompu. Pour rappel, deux collectifs représentant les communautés Ogale et Bille au Nigeria, avaient eu recours à la Cour de Londres, accusant Shell et sa filiale SPDC d’être responsables des fuites d’oléoducs qui avaient détruit leurs terres. Mais Shell avait protesté ce recours, martelant que cette affaire concernait «fondamentalement des problèmes nigérians» et devait donc être jugé par un tribunal nigérian.