La police Suisse a interpellé, ce jeudi 26 janvier, à Berne, un ex-ministre de l’Intérieur gambien, Ousman Sonko, soupçonnés de crimes contre l’humanité, alors que cet homme politique avait demandé l’asile dans le pays en novembre dernier.
Proche de l’ex-président gambien, Yahya Jammeh, Ousman Sonko est dans le viseur de l’ONG Trial International qui a déposé, à son encontre, une « énonciation pénale», estimant qu’il devait faire l’objet d’une enquête internationale, compte tenu des tortures qui se pratiquaient dans les prisons gambiennes pendant qu’il était en poste.
Son arrestation fait donc suite à la démarche de l’ONG qui lutte contre l’impunité dans le monde. «En tant que responsable des lieux de détentions, Ousman Sonko ne pouvait ignorer les tortures qui s’y pratiquaient à grande échelle contre les dissidents politiques, journalistes et défenseurs des droits humains», défend Bénédict de Moerloose, responsable du Département Droit pénal et enquêtes de l’ONG.
Selon l’ONG, basée à Genève, la Suisse a l’obligation, en vertu de ses obligations internationales, d’enquêter sur les suspects de crimes contre l’humanité ou de torture présents sur son territoire. Aussi, le Code pénal suisse prévoit que les crimes internationaux peuvent et doivent être poursuivis à partir du moment où l’intéressé se trouve en Suisse», fait remarquer le directeur de Trial, Philip Grant.
L’enquête sur Sonko a bel et bien été ouverte, en conformité avec l’article 264a du Code pénal, qui porte sur les crimes contre l’humanité, a confié le porte-parole du procureur du canton de Berne, Amaël Gschwind, assurant que l’intéressé «sera entendu prochainement.»
L’arrestation de Sonko a réjoui le milieu de l’opposition gambienne qui espère non seulement sa condamnation, mais aussi celle d’autres leaders de l’ancien régime. Ousman Sonko était ministre de l’Intérieur entre 2006 à 2016, avant d’être limogé en septembre dernier. Il avait d’abord tenté d’obtenir l’asile en Suède.