La devise sud-africaine, le rand, a perdu 1,7% de sa Valeur, lundi, suite à l’annonce relative à l’ordre donné au ministre sud-africain des Finances, Pravin Gordhan, d’interrompre sa tournée à l’étranger.
Les obligations ont également baissé et les valeurs bancaires, à la Bourse de Johannesburg, ont perdu, lundi, plus de 2%.
Pravin Gordhan se trouvait à Londres, en compagnie de la délégation qui l’accompagnait, lorsqu’il a été urgemment rappelé en Afrique du Sud par le président Jacob Zuma. Selon une source gouvernementale, le ministre des Finances «n’avait pas reçu le feu vert pour ce voyage». Sa tournée d’une semaine, placée sous le signe de la promotion des investissements en Afrique du Sud, devait ensuite le conduire aux Etats-Unis.
Son rappel précipité, vu par quelques Sud-Africains comme un acte d’humiliation, présagerait-il un possible remaniement ministériel ? C’est ce que craignent certains experts financiers. Certaines voix au sein de l’ANC, le parti au pouvoir, se seraient prononcées, depuis un moment, en faveur d’un limogeage de Gordhan.
Déjà ministre des Finances entre 2009 et 2014, Gordhan a été encore sollicité pour ce poste, fin 2015, pour rassurer les marchés financiers qui étaient en ébullition après la nomination de son prédécesseur à la tête du Trésor. Mais celui qui est considéré comme le garant de la rigueur budgétaire dans le gouvernement, s’oppose ouvertement au chef de l’Etat sur la gestion des finances publiques.
En tout cas, le brusque retour du ministre des Finances dans son pays a suscité de nombreuses réactions. Hormis la menace d’un remaniement, d’autres observateurs évoquent la coïncidence avec une affaire de justice qui s’ouvre ce mardi 28 mars et qui oppose le ministre des Finances aux Guptas, une richissime famille d’hommes d’affaires proche de Zuma. Toutes ces différentes tentatives d’explications de la mesure du chef de l’Etat seront infirmées ou confirmées dans les prochains jours. Les marchés financiers restent dans l’expectative.
Arrivé au pouvoir en 2009, le chef de l’Etat Zuma, qui doit céder son fauteuil présidentiel à la fin de son second mandat après les élections générales de 2019, est régulièrement invité à la démission en raison de son implication dans plusieurs scandales financiers dans le pays.