Une soixantaine d’associations ont lancé ce lundi un appel à retirer une circulaire du ministère de la Justice, datant de 1973 et qui n’admet pas la célébration du mariage des Tunisiennes musulmanes avec des non-musulmans.
La Tunisie exige un certificat de conversion à tout futur époux non-musulman qui veut prendre en mariage une de ses ressortissantes ; dans le cas contraire, ce mariage n’est pas enregistré dans le pays. Mais les hommes tunisiens ne sont pas concernés par cette restriction, ils sont libres de se marier avec des non-musulmanes.
Le collectif d’associations estime que la circulaire «remet en cause un droit fondamental pour tout être humain: le choix libre du conjoint». Pour l’organisation, «cette prohibition est une souffrance pour des milliers de Tunisiennes et leurs familles», qui sont «privées de leur droit fondamental à la sécurité juridique.»
«Il est aujourd’hui inadmissible qu’une simple circulaire, de valeur juridique quasiment nulle (…), commande la vie de milliers» de Tunisiennes», a lancé Sana Ben Achour, juriste et présidente de l’association Beity, au cours d’une conférence de presse.
L’Association tunisienne de défense des libertés individuelles (Adli) a noté le fait qu’il est déjà problématique que la circulaire identifie ces Tunisiennes comme étant musulmanes dans la mesure où «aucun certificat ne prouve la religion» dans le pays. Elle attire aussi l’attention sur la contradiction qui se dégage entre la circulaire et la Constitution qui prône la liberté de conscience et l’égalité entre les citoyens.
En effet, la Tunisie a adopté une nouvelle Constitution en 2014 qui stipule que «citoyens et citoyennes sont égaux en droits et devoirs».
Le collectif entend se lancer dans un travail de sensibilisation aussi bien auprès des autorités que de la population, dans l’espoir d’obtenir le retrait de la circulaire d’ici novembre 2017. Il projette aussi d’organiser une campagne internationale pour faire valoir les droits de la femme tunisienne.