Des ONG de défense des droits de l’homme, ivoiriennes et internationales, ont dénoncé l’acquittement de l’ex-première dame de Côte d’Ivoire Simone Gbagbo, prononcé mardi par la Cour d’assises d’Abidjan, en Côte d’ivoire.
L’épouse de l’ex-président Laurent Gbagbo était poursuivie pour crimes contre l’humanité commis lors de la crise postélectorale qui a fait plus de 3.000 morts.
Dans un communiqué publié ce mercredi, Human Rights Watch (HRW), a déclaré que cet acquittement «démontre les nombreuses irrégularités qui ont entaché le procès et laisse de graves questions sans réponse concernant son rôle présumé dans les crimes brutaux perpétrés pendant la crise postélectorale de 2010-2011».
Pour la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), «ce procès a été un véritable fiasco tant sur la forme, avec de nombreuses irrégularités, que sur le fond, avec un dossier et des débats qui n’ont malheureusement pas permis d’établir la responsabilité individuelle de l’ancienne première dame dans les crimes commis pendant la crise post-électorale».
Son président, Dimitris Christopoulos, a estimé que «cet échec doit constituer un électrochoc et conduire la justice ivoirienne à organiser enfin les procès cohérents et solides attendus par les milliers de victimes de la crise post-électorale et par la société ivoirienne dans son ensemble».
Dans le pays, la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (Lidho), a fait savoir, par la voix de son président, Pierre Adjoumani-Kouna, que «ce procès nous laisse un goût amer vis-à-vis des victimes et il est le reflet d’une justice ivoirienne totalement aux abois».
Face à une justice ivoirienne jugée ainsi partiale, certaines organisations ont souhaité que l’affaire soit désormais prise en main par la Cour pénale Internationale (CPI).
Pourtant du côté des partisans des Gabgbo, l’on ne cache pas la satisfaction. Le Front populaire ivoirien (FPI), le parti créé par l’ancien président Gbagbo, a interprété ce verdict comme «une volonté d’aller à la réconciliation». La formation politique a d’ailleurs profité de cette occasion pour appeler à la libération de tous les prisonniers politiques qui seraient 150 au total.
Simone Gbagbo reste en prison pour purger une peine de 20 ans, prononcée à son encontre en mars 2015 pour «atteinte à la sureté de l’Etat». Son époux est, lui, jugé par la CPI à La Haye pour des crimes contre l’humanité dans le même dossier.