Les ONG Global Witness et Finance Uncovered affirme dans un rapport publié ce lundi, que le géant pétrolier Shell était conscient du fait que l’argent versé pour l’acquisition d’un contrat pétrolier au Nigeria tomberait entre les mains des particuliers et non du gouvernement d’Abuja.
Les principaux patrons de la compagnie «ont participé à une vaste opération de corruption en toute connaissance de cause», relate de Global Witness et Finance Uncovered dans leur rapport intitulé «Shell savait».
Ces organisations ont mené des investigations basées sur la fuite d’emails échangés au niveau de l’exécutif de Shell. Les emails prouvent, selon Global Witness et Finance Uncovered, que des membres haut placés de Shell savaient qu’une partie de l’argent serait versée à des intermédiaires, notamment aux membres du gouvernement nigérian et à l’ex-président Goodluck Jonathan, et ne serait pas utilisée par l’Etat nigérian.
Cette révélation devrait réconforter la justice nigériane qui a inculpé, début mars, les groupes pétroliers anglo-néerlandais et italien (Shell et Eni) dans le cadre d’un contrat pétrolier controversé de 1,3 milliard de dollars.
L’affaire remonte à 2011, lorsque Shell et ENI avaient payé ce montant pour remporter l’attribution d’un bloc pétrolier offshore au Nigeria, OPL 245 situé au large des côtes nigérianes et extrêmement convoité par des pétroliers. Les deux compagnies sont accusées d’avoir versé des pots-de-vin à des dignitaires nigérians pour obtenir le contrat.
Mais les responsables des deux géants pétroliers ont toujours nié ces allégations. Ils défendent à chaque occasion ne pas être au courant de la possible illégalité de la transaction faite avec le gouvernement d’Abuja, et qu’ils ont continuellement agi dans le respect de la loi. Pour eux, le montant du contrat était payé et il ne leur revenait pas de savoir comment les autorités nigérianes allaient utiliser cet argent.
Toujours est-il que le rapport de Global Witness et Finance Uncovered apporte un coup dur à Shell et ENI dans l’affaire du contrat pétrolier nigérian. La justice italienne qui avait également ouvert une enquête en lien avec ce dossier entamera son procès le 20 avril prochain à Milan. Certains experts craignent que les deux compagnies finissent par perdre leur licence d’exploitation d’OPL 245.