Un responsable du Fonds monétaire international (FMI) a dénoncé, en fin de semaine à Washington, les allégations selon lesquelles son institution serait à la base de la dévaluation de la monnaie nationale tunisienne, le dinar.
Le directeur du département Moyen Orient, Afrique du Nord et Asie Centrale au sein du FMI, Jihad Azour, a précisé que le Fonds n’a pas demandé à la Tunisie de laisser flotter librement sa monnaie. Mais il lui a indiqué que son déficit commercial record nécessite un ajustement qui passe, entre autres, par une grande flexibilité de la monnaie nationale, d’autant plus que «les réserves de devises sont à un niveau confortable».
La monnaie tunisienne a perdu près d’un quart de sa valeur par rapport à l’euro ces deux dernières années. La chute s’est accélérée ces derniers jours au point d’inquiéter l’organisation patronale du pays, l’UTICA. Le dinar a atteint la semaine passée un plus bas niveau historique (plus de 2,55 euros).
Dans un communiqué publié, le 20 avril dernier, l’UTICA a exprimé sa préoccupation profonde face à cette «dépréciation rapide» et a exigé, en plus d’une explication rapide de la part du gouvernement et de la Banque Centrale, l’annonce de la stratégie qui sera adoptée pour stopper l’hémorragie de la baisse de la valeur de la monnaie nationale.
L’organisation patronale estime que cette situation «constitue un grand danger aussi bien pour l’économie nationale que pour l’entreprise», et aura des «conséquences graves et très négatives».
Pour certains experts locaux, le choix du gouvernement pour une politique de dévaluation du dinar serait une exigence du FMI qui conditionne ses aides par des réformes. Ils s’inquiètent ainsi pour la survie des entreprises et estiment que cette situation aggravera le déficit et le volume de la dette.
Se laisseront-ils convaincre par la déclaration d’Azour qui a également assuré, que l’accord entre la Tunisie et le FMI est «solide et devrait permettre le retour de la croissance et induire une baisse des déficits et de l’endettement élevé» ?
Pas sûr, les experts craignent plutôt que la chute du dinar s’accentue, dans la mesure où le FMI et la Banque mondiale pensent que la valeur du dinar est surestimée, et exigent pour cela une dévalorisation de près de 10% de sa valeur actuelle.