Des dizaines de milliers de manifestants anti-gouvernementaux chiites sont redescendus dans la rue dimanche, paralysant une bonne partie de la capitale yéménite, pour protester contre la hausse des prix des hydrocarbures imposée par le gouvernement, accusé de corruption.
Suite aux manifestations infructueuses de mercredi et vendredi dernier et à l’appel de la rébellion chiite dirigée par Abdel Malek al-Houthi, les protestataires se sont rassemblés pour la seconde foils samedi et dimanche, espérant forcer la main au président pour engager plus de réformes et augmenter notamment les subventions des prix des carburants. Pour montrer leur détermination, ils ont installé des tentes autour de plusieurs ministères.
Ces mouvements de contestations surviennent quelques jours seulement après la dissolution du gouvernement et le limogeage du premier ministre par le président sunnite Abed Rabbo Mansour Hadi.
La population yéménite est à majorité sunnite, mais les communautés chiites, prédominantes au nord, se sont regroupées sous différentes organisations rebelles, dont les principales sont les Hawthis et Ansaruallah afin de réclamer des changements. Dans le sud du pays, le régime fait face à la menace d’Al-Qaïda.
Ce sont les partisans des rebelles d’Ansaruallah qui ont conduit ces manifestations. Ils réclament notamment « l’éradication de la corruption » ainsi que l’obtention des «postes de procureur général et ceux des chefs de l’organisme de lutte contre la corruption, du service de sécurité nationale et des renseignements», a déclaré une source proche du président. Les rebelles chiites souhaitent aussi être consultés pour le choix du premier ministre et des postes aux ministères clés.
Le Yémen est victime de troubles sécuritaires importants, 40 personnes ont été tuées la semaine dernière dans des affrontements entre les chiites Hawthis et les membres d’une tribu sunnite au nord du pays. Dans le sud, ce sont deux agents de la circulation qui ont été abattus dimanche par des individus appartenant à Al-Qaïda. Le pays reste la proie d’une instabilité chronique depuis le départ de l’ancien président, Ali Abdallah Saleh en 2012.