La Haute cour de justice burkinabè a renvoyé au lundi 15 mai le procès des anciens ministres du dernier gouvernement de l’ex-président Blaise Compaoré.
Ce report, le quatrième depuis le début du procès, a été provoqué par l’attitude des avocats de la défense qui ont claqué la porte du tribunal après le rejet de plusieurs de leurs requêtes.
«Nous ne pouvons pas nous reconnaître dans cette justice qui méprise la Constitution, les textes internationaux et les droits de la défense», a affirmé l’une des doyennes des avocats, Me Antoinette Ouedraogo, au nom de tous ses collègues à la sortie du tribunal.
Les avocats sont montés au créneau après avoir constaté que les verdicts de la Haute cour ne peuvent faire l’objet d’aucun appel ou recours alors que toute décision de justice doit pouvoir être contestée au moins une fois.
«Nous sommes des auxiliaires de justice, nous ne pouvons pas rester pour suivre le reste de ce procès, sachant que nous ne pouvons pas cautionner ce qui vient d’être fait. Nous avons accompli notre mandat. Nous pensons que c’est à votre juridiction d’expliquer au peuple pourquoi nous sommes partis», a poursuivi Antoinette Ouédraogo.
«S’ils veulent condamner les accusés, qu’ils les condamnent sans nous. Et c’est tout», a déclaré un autre avocat, Me Mamadou Traoré.
Le tribunal a suspendu l’audience, suite au boycott du procès par les avocats, avant de la reprendre quelques heures plus tard. Mais les accusés ayant refusé de s’exprimer sans l’assistance de leurs avocats, le président de la haute cour de justice a consenti à leur accorder le temps de se constituer de nouveaux conseils. «Nous vous accordons 72h pour vous trouver des avocats pour vous assister», a indiqué Mathieu B. Ouédraogo, le président de la Haute cour.
Les 34 ministres du dernier gouvernement de Compaoré sont poursuivis pour leur implication présumée dans la répression de l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui avait conduit à la chute du régime de Compaoré.
La Haute cour de justice est la seule juridiction habilitée à juger le chef de l’Etat et des ministres pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.