Les opposants rwandais qui se sont insurgés contre la directive de la commission électorale nationale (NEC) autorisant le contrôle des publications de campagne sur les réseaux sociaux des candidats à la présidentielle du 4 août prochain, ont été rejoints par des diplomates occidentaux en poste au Rwanda.
«Nous sommes tous préoccupés par ce récent développement et je pense qu’il est important de vraiment comprendre ce qui sous-tend cette très sérieuse limitation de la liberté d’expression», a fait savoir l’ambassadrice des Etats-Unis à Kigali, Erica Barks-Ruggles, à l’occasion d’un dialogue organisé par l’Union européenne portant sur les droits de l’homme dans le pays, avec la participation du ministre rwandais de la justice.
La directive de la NEC oblige tous les candidats à la présidentielle à lui soumettre tous les «messages, photographies ou autre matériel de campagne» qu’ils projettent publier sur les réseaux sociaux, et ce au moins 48h avant leur diffusion. La Commission les examinera pour s’assurer qu’ils n’enfreignent pas la loi. Cette mesure entre en vigueur à partir du 14 juillet, date du début de la campagne électorale.
Pour le président de la commission électorale, Kalisa Mbanda, qui est soutenu dans sa démarche par les autorités, il est question d’«éviter des expressions, des paroles, des actes qui peuvent amener la population à des actes d’insécurité, au réveil du divisionnisme dans la population rwandaise».
Mais l’argument ne convainc pas ses détracteurs. L’opposition rwandaise soulève une manière d’empêcher toute critique du régime au pouvoir, et particulièrement envers le président Kagame.
Frank Habineza, le candidat du parti démocratique vert, unique formation d’opposition autorisée au Rwanda, a qualifié la mesure d’«injuste», les réseaux sociaux devant être, selon lui, «quelque chose de spontané».
Les diplomates occidentaux espèrent, au-delà de toute considération, que les candidats en lice auront la liberté d’exposer à la population leurs programmes même sur les réseaux sociaux.
Le chef de l’Etat qui est candidat à sa propre succession affrontera probablement quatre adversaires dont les candidatures doivent encore être validées par la NEC.