Le Haut Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a accusé les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) d’armer une milice dans la région du Kasaï, au centre du pays.
Au cours d’une session de travail du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la crise au Grand Kasaï, ce mardi à Genève, Al Hussein s’est dit «consterné par la création et l’armement d’une milice, Bana Mura, qui soutiendrait les autorités dans la lutte» contre la rébellion Kamuina Nsapu.
Kamuina Nsapu est le nom d’un chef traditionnel tué par l’armée, il y a quelques mois, pour s’être révolté contre le pouvoir central de Kinshasa.
Toujours selon le Haut Commissaire, cette milice aurait «mené des attaques horribles contre des civils des groupes ethniques luba et lulua», dont sont issus les partisans de Nsapa.
Le groupe armé aurait tué et mutilé des centaines de personnes, selon les informations recueillies par l’ONU auprès des réfugiés de plusieurs villages de la région de Kasaï ayant fui les combats.
Les adeptes de Kamuina Nsapu auraient aussi perpétré des attaques ciblées contre des agents de l’Etat, d’après Al Hussein.
Sur demande de certaines organisations, l’ONU milite encore pour une enquête internationale dans la région en proie à des violences, mais le gouvernement congolais s’y oppose, sauf si l’ONU envisage une enquête conjointe avec Kinshasa.
L’opposition congolaise est aussi d’avis que les autorités sont impliquées dans les violences au Kasaï, dans l’objectif de distraire la population et de permettre au président Joseph Kabila de rester plus longtemps au pouvoir après ses deux mandats autorisés par la Constitution.
Selon un bilan de ces violences, communiqué par l’Eglise catholique de la RDC, lundi 19 juin, plus de 3.300 personnes seraient tuées depuis le début de la crise.