Une marche de civils burundais a été violemment réprimée, vendredi, par les forces de sécurité congolaises à Kamanyola, dans la province du Sud-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), avec un bilan de plus de 30 morts et de plus de 100 blessés. Le Burundi et l’ONU ont condamné l’incident.
Les Burundais, présentés comme des demandeurs d’asile par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), protestaient contre l’arrestation et le rapatriement forcé de quatre des leurs, alors que la crise politique fait toujours rage au Burundi.
Les circonstances ayant conduit au drame diffèrent selon les sources. D’après le porte-parole de l’armée dans le Sud-Kivu, le capitaine Dieudonné Kasereka, une patrouille de l’armée aurait surpris quelques réfugiés avec des armes blanches dont des machettes. L’armée aurait voulu les conduire hors de la RDC, «c’est-à-dire chez eux, au Burundi», mais «plusieurs d’entre eux ont réagi», a poursuivi le porte-parole. Kamanyola est à 30 km de Rugombo en province de Cibitoke, au nord-ouest du Burundi.
Une autre source militaire congolaise a indiqué que les Burundais auraient attaqué un cachot de l’Agence nationale des renseignements (ANR), après l’extradition, au Burundi, de quatre civils officiellement en possession d’armes blanches.
Le gouverneur intérimaire du Sud-Kivu a évoqué «une situation de légitime défense». «Ce qui est arrivé ici a été provoqué par un débordement de la population refugiée, qui n’a pas voulu qu’on arrête quatre personnes de leur communauté qui étaient en train de pratiquer des activités incompatibles avec les conventions internationales régissant les réfugiés», a expliqué Ladislas Muganza wa kandwa.
Pour lui, les militaires congolais qui sont intervenus pour rétablir l’ordre se sont retrouvés et ont réagi dans une «situation de légitime défense».
Qu’à cela ne tienne, le ministre burundais des Relations extérieures et de la Coopération internationale, Alain-Aimé Nyamitwe, consterné, a exigé des explications de Kinshasa sur cet incident, La diplomatie burundaise exige aussi une enquête de la part de Kinshasa et de l’ONU pour éclairer sur les circonstances ayant conduit à cet incident. L’ONU qui a également condamné la répression sévère de l’armée a déjà informé, pour sa part, qu’une enquête était en cours.
La RDC héberge 44.000 réfugiés burundais sur son territoire dont 2.005 à Kamanyola, selon le HCR.