Une enquête vient d’être ouverte contre la banque BNP Paribas, accusée de «complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité» au Rwanda par des ONG.
Dans leur plainte déposée en juin dernier, l’association anticorruption Sherpa, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda et l’organisation non gouvernementale Ibuka France, soupçonnent la banque d’avoir permis en 1994 le «financement de l’achat de 80 tonnes d’armes» au profit de miliciens hutus, en plein génocide des Tutsis et en violation d’un embargo décrété par les Nations unies.
La BNP aurait précisément autorisé des transferts de fonds pour plus de 1,3 million de dollars du compte que la Banque nationale du Rwanda (BNR) détenait chez elle vers le compte en Suisse de Willem Tertius Ehlers, un propriétaire sud-africain d’une société en courtage d’armes, selon ces organisations.
Se basant sur des témoignages, les ONG assurent que la BNP aurait eu nécessairement conscience que «ce transfert pouvait contribuer au génocide en cours». L’avocate de Sherpa, Marie Dosé, se félicitant de l’ouverture de cette information judiciaire, a déclaré que «toutes les complicités françaises doivent être judiciairement recherchées et poursuivies dans cette affaire».
Le génocide au Rwanda a fait près d’un million de morts, entre avril et juillet 1994, en majorité des Tutsis. Les massacres avaient été déclenchés après la mort du président hutu Juvénal Habyarimana dans un attentat contre son avion.
Le juge d’instruction Alexandre Baillon du pôle génocide du tribunal de grande instance de Paris a été désigné pour mener l’enquête. Il est ainsi attendu de son équipe de déterminer le rôle joué par BNP Paribas dans cette affaire. Le dossier concernant le génocide rwandais ne cesse d’empoisonner les relations entre Paris et Kigali, qui accuse la France d’avoir pris part aux massacres.