Les habitants du quartier Fouh, au nord de Bangui, la capitale de la république centrafricaine, ont mis en place des comités d’autodéfense pour se protéger contre les braquages, les agressions, voire même les disparitions forcés.
Ces comités sont composés de jeunes habitants et de quelques anti-Balaka, une nébuleuse de milices locales, dont certaines disent se battre pour le « retour de l’ordre constitutionnel », et de l’ancien président Bozizé et d’autres veulent l’éviction de l’actuel président Djotodia.
Les comités d’autodéfense s’activent surtout pendant la nuit et sillonnent les rues du quartier à la recherche d’éventuels fauteurs de troubles.
Au delà du quartier Fouh, Bangui ne cesse d’enregistrer de façon quotidienne des actes de criminalité attribués aux anti-Balaka, et ce malgré le déploiement dans le pays, des forces de la mission des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) et de la force française Sangaris.
Plusieurs habitants de Bangui s’interrogent sur les agissements barbares des anti-balaka qu’ils ont toujours considérés comme des proches. « Alors que tout le monde était en droit de penser que l’ennemi était des Séléka, aujourd’hui c’est tout à fait le contraire. Ce sont les anti-Balaka qui terrorisent encore les Centrafricains et particulièrement les Banguissois », affirme un habitant de Bangui.
Les violences font beaucoup plus rage dans les quartiers nord de Bangui comme Boy-rabe, Fouh et Gobongo, où les habitants font état de plusieurs actes de violence et d’agression.
Des sources étrangères sur le terrain confirment ces propos. Selon une source militaire française, « des quartiers entiers sont des poudrières et des nids de bandits ». Les anti-Balaka sont en ce moment une entrave à la paix, ajoute-t-il, assurant que « tout le monde sait qui fait quoi et tout le monde s’en plaint, mais personne ne peut dénoncer quoi que ce soit, par peur de représailles ».
Contrairement aux miliciens ex-Séléka qui se sont soit repliés dans leurs bastions musulmans du nord du pays, soit cantonnés dans des bases militaires de la capitale, les anti-balaka, miliciens majoritairement chrétiens, se sont fondus dans la population civile et continuent de tyranniser les Centrafricains.
Excédés par cette situation et en l’absence des patrouilles de la Minusca, les habitants de Bangui s’arrangent comme ils peuvent, pour assurer leur propre sécurité contre les milices armées.