Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila a révoqué, par des ordonnances rendues publiques ce lundi, plus de 200 faux magistrats civils du siège et du ministère public.
L’opération de nettoyage au sein de la magistrature congolaise fait grand bruit depuis plusieurs semaines. Fin mars, le ministre de la justice, Thambwe Mwamba, avait déjà annoncé le retrait et la poursuite en justice, de ces magistrats qui ne remplissent pas les conditions d’accès à la magistrature.
Ces magistrats faussaires ou fictifs qui représentent environ 6 % du corps des magistrats ont été identifiés par une commission d’enquête mise en place fin 2017 et qui s’était livrée à l’examen des qualifications et de la régularité des conditions de recrutement des magistrats. La vérification des dossiers administratifs était accompagnée du contrôle physique des concernés.
Dans son rapport rendu le 19 mars, la commission a décelé des faussaires ne disposant pas des diplômes requis, des magistrats qui ont été recrutés au-delà de l’âge requis et des «déserteurs» qui étaient toujours payés comme magistrats.
«Nous nous rendons compte que tous les travers que nous enregistrons au sein de la magistrature proviennent des gens qui, soit, étaient mal formés, soit sont entrés dans la magistrature par effraction», a déploré le ministre pour justifier la décision de révocation des 200 magistrats par le chef de l’Etat.
Ce même ministre avait déclaré en mars que «ces individus qui sont entrés dans ce corps de manière irrégulière ont fait les plus grands dégâts dans l’administration de la justice».
Thambe Mwamba clame depuis des mois, que la magistrature congolaise serait «infectée par plusieurs maux». A part la qualification des recrues, Mwamba indexe aussi la lenteur dans l’administration de la justice, voire la corruption dans les procédures judiciaires.
Compte tenu de cette situation « intolérable », le ministre compte bien réformer à fond la magistrature. «Je suis en train de préparer un projet de loi qui va amender profondément la loi portant sur le statut de magistrat, avec des conditions de recrutement beaucoup plus strictes ».
« Mon objectif, a-t-il confié à la presse, c’est qu’à l’horizon de huit à dix ans, nous ayons un corps nouveau de magistrats auprès de qui la veuve et l’orphelin pourront se présenter en toute confiance».