La coalition au pouvoir en Ethiopie, l’EPRDF, a décidé d’ouvrir le capital des grandes entreprises publiques au secteur privé, moins de deux mois après la déclaration du président éthiopien, Mulatu Teshome Wirtu, qui affirmait que son pays n’était pas encore «prêt» pour l’ouverture des secteurs de la banque et des télécommunications aux investisseurs étrangers.
Dans un communiqué rendu public ce mardi 5 juin, l’EPRDF précise que la majorité des parts sera « détenue par le gouvernement tandis que le reste sera mis sur le marché pour des investisseurs nationaux ou étrangers ».
L’EPRDF justifie sa mesure par la croissance rapide de l’économie nationale qui nécessite des reformes. Selon elle, la mesure permettra « aux citoyens éthiopiens vivant à l’étranger ainsi qu’aux étrangers avec leur savoir-faire et leurs devises, de jouer un rôle positif » dans la croissance du pays.
La compagnie aérienne Ethiopian Airlines, une des plus importantes compagnies aériennes en Afrique, et la société de télécoms Ethio Telecom seraient en premier concernées par cette semi-privatisation. Les chemins de fers, des parcs industriels et des usines pourraient être complètement privatisés, ont aussi fait savoir les autorités.
Le régime éthiopien dirigé depuis avril par le Premier ministre Abyi Ahmed, adopte un visage réformateur. En tout cas, le nouveau chef du gouvernement avait promis d’importantes réformes lors de son discours d’investiture. La démarche actuelle du pouvoir marque une rupture totale avec la politique économique qui a régné jusqu’ici dans le pays.
Le 24 avril dernier, le chef de l’Etat avait déclaré, lors d’une visite à Varsovie, que «L’Ethiopie n’est pas encore prête à accepter des investissements étrangers dans les télécommunications et la finance» et que le pays était plutôt intéressé par le développement de son industrie manufacturière.
Dans la foulée de ses nouvelles mesures, l’EPRDF a également, ce 5 juin, levé l’état d’urgence décrété depuis mi-février, et mis fin au différend frontalier entre l’Ethiopie et l’Erythrée. Des signes d’ouverture et d’apaisement salués par quelques observateurs.
L’Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, surnommé « le Tigre de l’Afrique», a enregistré une croissance annuelle moyenne de 9% au cours des douze dernières années. Le Fonds monétaire international y prévoit une croissance de 8,5% pour 2018.