L’opposition au Nigeria a réagi suite à la mise en exécution d’un décret présidentiel interdisant à une cinquantaine de personnalités de haut rang de voyager à l’étranger, dans le cadre de la lutte contre la corruption.
Ces personnes soupçonnées ainsi de corruption ont été placées sur une liste de surveillance, selon les précisions données samedi 13 octobre par un communiqué de la Présidence. Elles ne pourront pas quitter le pays tant que leurs cas n’auront pas été élucidés.
« Tout soupçon de corruption doit être prouvé devant un tribunal. Sauf que les procès prennent du temps. Certains procès durent 10, voire 15 ans. Et beaucoup de ces procès pour corruption n’aboutissent jamais. Car les gens utilisent les fonds qu’ils avaient volés. Cet ordre instaure donc un embargo sur des fonds suspects volés de sorte que personne ne puisse les déplacer ou en disposer, tant que le cas n’est pas résolu devant un tribunal, a expliqué Garba Shehu, le porte-parole de la présidence.
Ce responsable a noté en plus que l’interdiction de quitter le territoire est « également un moyen d’empêcher les suspects d’avoir accès aux fonds placés à l’étranger qu’ils pourraient être tentés de mettre à l’abri des autorités nigérianes ».
« Cela permettra également, a poursuivi le porte-parole, de faire avancer les procès rapidement parce ce que si cet argent vous appartient réellement, il ne sera pas sous embargo pendant 15 ans. Si c’est votre argent, vous le gardez, si ce n’est pas le vôtre, vous le rendez au Trésor ».
Le principal parti de l’opposition, le Peoples Democratic Party (PDP) a estimé que la mesure vise principalement des personnes qui sont perçues comme des obstacles à la réélection du Président Buhari qui est candidat à sa propre succession à la prochaine présidentielle. Pour certains opposants, la démarche porte atteinte à la libre circulation des personnes.
Si les identités des personnes concernées n’ont pas été publiées, d’aucuns pensent que ces personnalités concernent plusieurs opposants.