Le procès en Assises pour examiner les dossiers de 89 personnalités du Front Populaire Ivoirien (FPI) s’ouvre mercredi à Abidjan afin de mettre en lumière les accusations d’atteinte à la sureté de l’Etat contre des membres de l’ex-parti au pouvoir, auquel appartient l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo.
Le procès qui s’inscrit dans les jugements liés à la crise postélectorale de 2010, verra notamment la présence de l’ex-première dame du pays, Simone Gbagbo et d’autres personnalités de haut rang qui faisaient partie de l’ancien régime. En décembre 2010, Laurent Gbagbo avait refusé de reconnaître sa défaite à l’élection présidentielle face à Alassane Ouattara. Le bras de fer avait duré plusieurs mois, se transformant en violences meurtrières entre les deux clans qui ont fait plus de 3000 morts. Laurent Gbagbo est aujourd’hui détenu à La Haye en attente d’être jugé par la CPI pour « crimes contre l’humanité ».
Mais à Abidjan, les 89 personnalités politiques sont poursuivies uniquement pour atteinte à la sureté de l’Etat. Ils passeront dans un premier temps un interrogatoire sur les charges portées à leur encontre. Puis dans un second temps, les accusés devront comparaître devant un jury tiré au sort pour donner leurs versions des faits. Enfin, viendra la tenue effective du procès qui statuera sur leur sort.
Malgré toutes ces formalités destinées à garantir un procès équitable et transparent, nombre de personnalités politiques fustigent ces assises. Pascal Affi N’guessan, l’actuel président du FPI dénonce vivement ce procès dans lequel lui-même et certains autres membres de son parti doivent répondre de lourdes accusations. D’après lui, il s’agit d’un « tapage judiciaire » qui vise à écarter les adversaires du parti au pouvoir avant les prochaines échéances électorales de 2015.
Il s’agit d’un procès politique, selon Affi N’guessan. « La qualité des personnalités concernées, le choix de la Cour d’Assises pour les juger et le contexte de ce procès le montrent. Avec ce procès, nous sommes dans la troisième phase de la crise postélectorale », a-t-il dénoncé.
D’après le président du FPI, la première phase de la crise postélectorale a vu l’écartement par la force de Laurent Gbagbo. La deuxième phase a chassé tous les pro-Gbagbo des institutions de l’Etat, en appliquant une épuration dans l’administration. Enfin, avec cette troisième phase judiciaire, l’ancien Premier ministre affirme que le parti au pouvoir vise à priver le FPI de toute réapparition sur la scène politique nationale.