Le président soudanais Omar el-Béchir a accusé mardi des «comploteurs» d’avoir provoqué les violences durant les manifestations antigouvernementales déclenchées le 19 décembre suite à la hausse du prix du pain.
S’exprimant devant des soldats sur une base près de la localité d’Atbara où avait eu lieu la première manifestation en décembre, El-Béchir s’en est pris à des groupes politiques ayant appelé à un changement de régime au Soudan.
«Certains disent que l’armée est en train de prendre le pouvoir», a-t-il déclaré, cité par l’agence officielle Suna. «Je n’ai aucun problème avec ça, car l’armée a toujours été le gardien de la sécurité de notre pays», a-t-il ajouté sans autre précision.
Ce mouvement de contestation constitue en effet, la plus grande menace au régime du président el-Béchir depuis le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir avec le soutien des islamistes en 1989.
Au total, 381 manifestants ont été arrêtés depuis le 19 décembre, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Ahmed Bilal Osmane, précisant que 118 bâtiments, dont 18 de la police, avaient été détruits au cours des manifestations qui ont gagné plusieurs villes du pays, y compris la capitale Khartoum.
En outre, 194 véhicules ont été incendiés, dont 15 appartenant à des organisations internationales, ajoute le ministre de l’Intérieur.
Au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées selon les autorités. Amnesty International a fait état de la mort de 37 manifestants et l’ONU a appelé à une enquête indépendante.
La Grande-Bretagne, la Norvège, les Etats-Unis et le Canada se sont dits «consternés par les informations faisant état de morts et de blessés graves» et par «l’usage de balles réelles contre les manifestants».
Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays est confronté à une inflation de près de 70% par an et à une grave crise monétaire. Plusieurs villes souffrent de pénuries de pain et de carburant.