Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a appelé mardi à l’apaisement et promis des sanctions en cas de «faute» des forces de l’ordre, après la répression meurtrière des manifestations contre la hausse des prix des carburants la semaine dernière.
Rentrée au pays pour faire face à la contestation contre la hausse du prix du carburant, Emmerson Mnangagwa a invité «les chefs des partis politiques et les responsables religieux et de la société civile» à «engager un dialogue national» avec son gouvernement. «Faisons de l’économie notre priorité. Faisons de la population notre priorité», a-t-il lancé sur les réseaux sociaux.
Le Zimbabwe a été secoué ces derniers jours par de violentes manifestations contre la hausse spectaculaire de plus de 150% des prix des carburants, ordonnée par le gouvernement.
La répression des manifestations a fait au moins 12 morts et 78 blessées par balle la semaine dernière, selon le Forum des ONG des droits de l’homme au Zimbabwe. Plus de 240 cas de violences ou de tortures par l’armée et la police ont été également recensés.
Même s’il estime que «ce n’était pas une manifestation pacifique», le chef de l’Etat a assuré sur Twitter que «les violences ou les mauvais comportements de nos forces de sécurité sont inacceptables (…) le chaos et l’insubordination ne seront pas tolérés. Les fautes feront l’objet d’une enquête, s’il le faut des têtes tomberont».
A l’étranger, cette répression a été reprochée à Emmerson Mnangagwa, qui devait justement plaider la cause de son pays auprès des investisseurs étrangers au Forum économique de Davos (Suisse). Sous pression face à la situation dans son pays, il a finalement été contraint de rentrer au Zimbabwe.
Plus de 600 personnes ont été arrêtées, avait indiqué la semaine dernière le ministre de la Sécurité. Parmi elles, le pasteur Evan Mawarire, figure de la contestation antigouvernementale de 2016, ainsi que le chef de la ZCTU, Japhet Moyo.
Plusieurs élus du principal parti d’opposition, le Mouvement pour un changement démocratique (MDC), ont aussi été interpellés.
Le gouvernement a également ordonné le blocage d’Internet et des réseaux sociaux, considérés comme un outil «d’incitation à la violence». Mais la justice zimbabwéenne a jugé lundi illégal ce blocage et ordonné son rétablissement.