Après l’opposition tchadienne, c’est au tour des groupes armés tchadiens de condamner les bombardements de la force française Berkhane contre les rebelles, invoquant «une ingérence inacceptable de la France dans les affaires intérieures du Tchad».
Qualifiant ces bombardements d’«attaques d’illégales», les quatre groupes UFR, CCMSR, UFDD et CAD ont ainsi condamné «le soutien inconditionnel et permanent de la France à une dictature honnie et rejetée par son peuple», et exigé «l’arrêt immédiat de cette assistance technique, logistique et militaire de la France à un régime aux abois» à N’Djamena.
Dimanche dernier, le ministère français des armées avait annoncé qu’une patrouille de l’armée française a procédé dans le nord du Tchad, conjointement avec l’armée tchadienne, à des frappes pour arrêter une colonne de 40 pick-up d’un groupe armé en provenance de la Libye. Il s’agissait des rebelles de l’Union des Forces de la Résistance (UFR), selon le porte-parole du mouvement.
De son côté, l’état-major général de l’Armée nationale tchadienne (ANT) a fait savoir, lundi, que les militaires avaient «neutralisé et mis hors d’état de nuire des mercenaires et des terroristes» qui cherchaient à entrer dans le pays», avant d’assurer que les frontières du pays étaient «totalement sécurisées».
Mais l’opposition n’a pas apprécié l’intervention de la France dans un «conflit tchado-tchadien». Pour l’Union Nationale pour le Développement et le Renouveau (UNDR), «la France devrait, compte tenu de l’influence qu’elle a sur les autorités tchadiennes, appeler les différents protagonistes dans la crise tchadienne à dialoguer et à se réconcilier, au lieu de défendre coûte que coûte un régime que tout le monde rejette».
Rappelant que «les indices d’évaluation du pays au niveau international sont là pour attester que rien ne va plus au Tchad», l’UNDR accuse le gouvernement tchadien de vouloir «assimiler toute opposition au terrorisme pour justifier tout éventuel manquement».
D’aucuns se demandent si la ministre de la Défense française, Florence Parly, qui sera auditionnée ce mercredi à la Commission de la défense nationale et des forces armées (une commission de l’Assemblée nationale française), sera interpelée ou non par les députés sur cette intervention de l’armée française et sur sa légitimité.