Le gouvernement du Mozambique a porté plainte le 28 février dernier devant la Haute Cour de justice de Londres, contre le Crédit suisse, trois ex-employés de la banque et le constructeur naval Privinvest.
Ils sont tous soupçonnés par les autorités mozambicaines d’être impliqués dans les montages financiers occultes à l’origine du scandale de la dette cachée du Mozambique.
L’information ayant été rendue publique seulement ces derniers jours, peu d’éléments sont connus à propos de cette plainte, mais les motifs de violation de contrats commerciaux et autres arrangements ont été invoqués, notamment l’implication directe des deux groupes dans la conception des montages financiers qui ont fait plonger la dette du pays, laquelle est passée de 86% du PIB en 2015 à 130% en 2016.
Depuis que l’affaire de la dette cachée a éclaté, le Mozambique est en cessation de paiement et l’État a par ailleurs vu ses aides du Fonds monétaire international (FMI) gelées, car l’organisation monétaire n’avait pas été informée des emprunts occultes.
L’affaire de la dette cachée du Mozambique remonte à 2013, lorsque le gouvernement de l’ex-président Armando Guebuza lançait un ambitieux projet d’exploration de pêche de thon, entreprise nécessitant l’acquisition à grands frais, de navires de pêche et de surveillance.
En plus d’emprunts obligataires, deux prêts d’une valeur totale de 2 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros) ont été contractés pour financer le projet.
En 2016, les sociétés publiques créées pour ces explorations font faillite faisant ainsi éclater au grand jour le scandale de la dette dissimulée. Avec l’aval du gouvernement de l’époque, ces prêts occultes servaient aussi à financer l’acquisition de navires militaires, et au cours de ces transactions, 500 millions de dollars (439 millions d’euros) se sont évaporés sous forme de pots-de-vin et dessous de table distribués à divers hommes d’affaires, politiques et autres industriels.
Dans cette affaire, Ndambi Guebuza, le fils de l’ex-président mozambicain, a été arrêté par la justice mozambicaine le 16 février dernier, ainsi que sept autres hommes d’affaires et membres du renseignement. Tous sont soupçonnés d’avoir perçu plusieurs millions de dollars de pots-de-vin.