Après 23 années de présence au Burundi, le Haut Commissariat de l’Organisation des Nations Unies (ONU) aux droits de l’Homme quitte le pays, sur injonction des autorités locales.
La responsable du bureau local de l’institution, Michelle Bachelet, a confirmé, «avec un grand regret», ce départ forcé dicté par Bujumbura depuis le 5 décembre dernier.
Dans sa notification, les autorités locales arguaient que le Burundi avait fait «suffisamment de progrès pour mettre en place des mécanismes nationaux de protection des droits de l’Homme, de sorte que l’existence du bureau n’était plus justifiée».
Le pays de Pierre Nkurunziza avait déjà suspendu toute coopération avec ce bureau depuis octobre 2016, en réaction à un rapport à charge de l’équipe d’experts indépendants de l’ONU sur les violations des droits de l’homme dans le pays.
Ce défaut de collaboration avec le gouvernement a «gravement entravé» le travail du personnel du bureau des droits de l’Homme des Nations unies à Bujumbura, qui se retrouvait «dans l’incapacité de vérifier les allégations de violations que l’ONU continue de recevoir», a déploré Mme. Bachelet.
Elle s’est dite «déçue» par le comportement des autorités burundaises ces dernières années, évoquant, outre le manque de coopération, des «menaces de poursuite contre les membres de la Commission d’enquête internationale indépendante» de l’ONU sur le Burundi.
Le Burundi est en crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé, en avril 2015, sa candidature à un troisième mandat controversé. Il avait été réélu en juillet de la même année.
Les violences qui ont accompagné la crise ont fait au moins 1.200 morts et plus de 400.000 déplacés entre avril 2015 et mai 2017, d’après les chiffres de la Cour pénale internationale (CPI), qui a ouvert une enquête à ce sujet.