L’Organisation des Nations unies (ONU) a estimé, dans un rapport publié ce mardi et concernant la République démocratique du Congo (RDC), que le massacre de centaines de personnes dans les violences communautaires en décembre dernier dans la région de Yumbi (ouest du pays), «pourraient être considérées comme des crimes contre l’humanité».
Le Haut Commissariat aux droits de l’Homme et la mission de l’ONU en RDC (Monusco) ont ouvert une enquête en janvier, après avoir reçu des informations selon lesquelles 890 personnes avaient péri au cours d’affrontements intercommunautaires et des milliers d’autres ont été déplacées.
L’enquête « a permis d‘établir qu’entre le 16 et le 18 décembre 2018, après plusieurs semaines de tensions liées à un conflit foncier opposant les communautés Batende et Banunu autour du lieu d’enterrement d’un chef coutumier Banunu, des attaques contre des populations Banunu dans les localités de Yumbi, Bongende et Nkolo II, ont fait au moins 535 morts et 111 blessés».
De l’avis des enquêteurs de l’ONU, les membres de la communauté Batende ont attaqué les villages Banunu « avec une violence et une rapidité extrêmes, leur laissant peu de temps pour s’échapper ». Ils affirment que les violences ont été « planifiées et exécutées avec l’appui de chefs coutumiers », et elles peuvent reprendre à tout moment.
Les autorités congolaises sont accusées, quant à elles, d’avoir manqué à leur devoir de protection des villageois. Le rapport souligne que « l’ampleur des violences des attaques dans le territoire de Yumbi a été facilitée par l’absence de l’autorité et des services de l’Etat».
Pour l’ONU, «il est essentiel de veiller à ce que les auteurs de ces crimes atroces soient punis», a déclaré la Haut Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet.
«J’encourage le gouvernement à initier un processus de réconciliation et de vérité entre les communautés Banunu et Batende», pour prévenir de nouvelles violences », a-t-elle ajouté.
La présidentielle du 30 décembre a été reporté au 31 mars à Yumbi en raison des violences. La représentante spéciale du SG de l’ONU en RDC a appelé à des mesures immédiates pour rétablir l’autorité de l’Etat dans cette zone, afin de garantir le déroulement du scrutin dans la paix.