Les juges de la cour d’appel de Casablanca ont décidé de reporter au 5 avril, la mise en délibéré du procès en appel des leaders du «Hirak», le mouvement de protestation sociale ayant agité la région marocaine du Rif en 2016-2017, après d’ultimes plaidoiries de la défense.
Depuis janvier, 38 des 42 accusés jugés en appel, dont Nasser Zefzafi, une des figures du mouvement, boycottent le procès ouvert en novembre 2018. Tous sont détenus à la prison Oukacha de Casablanca.
Les prévenus avaient été arrêtés dans la province d’Al-Hoceïma (nord) en 2017 pour avoir participé au mouvement social déclenché par la mort tragique d’un poissonnier écrasé dans une benne à ordures en octobre 2016.
Seuls quatre accusés qui comparaissent en état de liberté ont participé aux dernières audiences du procès en appel, dont le journaliste Hamid El Mahdaoui qui avait été condamné en juin, à trois ans ferme pour «non dénonciation d’une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l’Etat». On lui reproche de n’avoir pas averti la police de l’appel d’un inconnu évoquant des livraisons d’armes aux habitants rifains.
Sa défense a démontré « l’absurdité » de ces accusations en qualifiant leur client de «patriote » et en appelant à ne pas revenir aux «années de plomb» qu’a connues le pays.
En revanche, l’accusation a requis un alourdissement de toutes les peines prononcées en première instance qui ne correspondent pas au maximum prévu par le code pénal.
Un total de 53 prévenus avaient été condamnés en juin dernier, avec des peines sévères. Onze d’entre eux avaient été graciés par le roi en août dernier.
Les détenus qui boycottent les audiences réclament un procès «équitable et impartial» et demandent «l’annulation des procès-verbaux dressés par la police judiciaire» après leur arrestation.
Des associations de défense des droits humains ont par le passé dénoncé des aveux extorqués par la violence pendant les gardes à vue, ce que les autorités marocaines ont toujours démenti.
Leurs avocats ont refusé de plaider pour protester contre « l’absence des conditions d’un procès équitable », comme lors du procès en première instance qui s’était soldé par des peines allant jusqu’à 20 ans de prison en juin dernier.