Le Front populaire ivoirien (FPI), parti de Laurent Gbagbo, vit sa première crise de leadership depuis sa sortie du pouvoir suite à la crise postélectorale de 2011.
Qui de Laurent Gbagbo, actuellement en détention à la cour pénale internationale (CPI), et de Pascal Affi N’Guessan, actuellement président du FPI, et fils spirituel de l’ex-président Gbagbo, prendra les rênes du parti dans les mois à venir ? Entre le mentor et son poulain, la guerre est bel et bien déclarée.
N’Guessan a officialisé sa volonté de briguer la présidence du parti au cours du congrès convoqué pour décembre prochain. Sa candidature sera déposée demain mercredi selon des sources concordantes. N’Guessan et ses partisans justifient leur démarche par le fait que la direction du parti ne peut pas être confiée à une personnalité qui est actuellement en prison.
Par ailleurs, ils prônent une nouvelle orientation de la politique du FPI. Pour l’actuel président du parti, « il faut dialoguer avec le pouvoir en place…, entrer dans le jeu politique…, et aller à toutes les élections à commencer par la présidentielle… ». Ce sont là, a-t-il dit, certains des moyens pour faire comprendre à la communauté internationale que le FPI a changé, et pour espérer par conséquent la libération des prisonniers politiques et le dégel des avoirs du parti encore bloqués.
Une manière de voir qui ne convainc pas le camp de Laurent Gbagbo qui a aussi officialisé la candidature de son leader par l’intermédiaire de son fils Michel Gbagbo.
Bernard Houdin a confirmé cette candidature à travers la presse locale. « Le président Gbagbo va effectivement répondre à l’appel de son peuple. Il est fermement décidé à le faire. Cela doit être su », a déclaré ce conseiller français du président Gbagbo, retourné en France, après le renversement de l’ex-président ivoirien.
Les partisans de Laurent Gbagbo vivent mal la candidature de N’Guessan qu’ils considèrent comme une trahison. Pour Justin Koua, secrétaire national du FPI chargé de la politique de la jeunesse, qui appelle N’Guessan à ne pas se porter candidat, le FPI est un instrument grâce auquel l’ex-président peut continuer à mener la lutte pour la « liberté » et la « souveraineté » des Ivoiriens.
Le parti historique ivoirien va-t-il survivre à la crise qui se profile à l’horizon à l’issue du congrès de décembre prochain ? Sans oublier que le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), ancien parti unique, vit aussi ces jours-ci, sa propre crise interne. Des risques d’implosion qui seront accueillis à bras ouvert par les partisans du parti au pouvoir.