Plus de 10.000 Maliens ont manifesté vendredi à Bamako à l’appel de chefs religieux musulmans, d’associations peules, de l’opposition et de la société civile, pour dénoncer les violences intercommunautaires dans le centre du Mali et le manque d’action du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Les manifestants, au nombre de 15.000 selon les organisateurs et de 10.000 selon la police, dont des femmes voilées de noir, scandaient des slogans ou portaient des pancartes hostiles au président Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK ».
«Comme un seul homme le peuple malien est sorti pour dire non à la violence et non au nettoyage ethnique», s’est félicitée dans un communiqué, l’association Kisal, qui défend les droits des populations pastorales.
La semaine dernière, les associations peules avaient annoncé puis reporter à deux reprises, la tenue d’une manifestation à Bamako pour condamner la tuerie le 23 mars, de quelque 160 habitants du village peul d’Ogossagou par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons affirmant lutter contre les jihadistes.
Plusieurs milliers d’habitants du « pays dogon », dans le centre, avait manifesté jeudi pour réclamer que l’Etat assume ses responsabilités en matière de sécurité.
Au lendemain de la tuerie d’Ogossagou, le gouvernement a pourtant prononcé le 24 mars la dissolution de l’association de chasseurs « Dan Nan Ambassagou » qui, selon lui, «s’est écartée de ses objectifs initiaux, en dépit des mises en garde répétées des autorités administratives locales ».
Depuis mars 2018, les «agressions intercommunautaires» dans la région de Mopti (centre) ont fait quelque 600 morts et des milliers de déplacés, a indiqué le 26 mars le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH). Depuis le début de cette année, 219 personnes ont été tuées dans «des exactions commises par de soi-disant groupes d’autodéfense cherchant à déraciner des groupes extrémistes violents», selon le HCDH.