Le Roi Mohammed VI œuvre à faire renaître l’héritage juif de son pays, écrit Yaëlle Azagury et Anouar Majid dans une analyse publiée sur le site du New York Times le mardi 9 avril 2019.
Tanger : la synagogue de Rabbi Akiba, située dans un passage voûté du quartier de Siaghine à Tanger, qui a été construite au XIXe siècle a été rénovée et récemment rouvert en tant que musée.L’écrivaine Azagury et l’éditeur Majid emmènent les lecteurs à la découverte de la culture de la tolérance et de la cohabitation instituée au Maroc. Ces extraits retracent les principales escales proposées aux lecteurs. La Constitution de 2011 reconnaît que l’identité du Maroc a été «nourrie et enrichie» en partie par des composantes «hébraïques». À peu près à la même époque, le Roi Mohammed VI a lancé un vaste projet de réhabilitation reflétant son «intérêt particulier» pour le patrimoine culturel et spirituel de la communauté juive marocaine. Plus de 160 cimetières juifs contenant des milliers de pierres tombales ont été découverts, nettoyés et inventoriés avec des fonds du royaume. Outre les synagogues, d’anciennes écoles juives ont été rénovées avec l’aide du Souverain. Les noms originaux des quartiers juifs où nombre de ces synagogues se sont installées pendant des siècles ont également été rétablis. En 2013, Abdelilah Benkirane, alors Premier ministre du gouvernement marocain dirigé par les islamistes, avait lu un message du roi à la réouverture de la synagogue Slat al Fassiyine, récemment restaurée à Fès, réaffirmant la bienveillance royale à l’égard de la communauté juive.D’autres lieux de culte, tels que la splendide synagogue Nahon du XIXe siècle à Tanger, sont maintenant des musées. La synagogue Ettedgui à Casablanca et le musée juif El Mellah voisin, fondé en 1997 par des juifs marocains qui croient en un avenir commun entre juifs et musulmans, ont été restaurés en 2016. El Mellah est le seul musée juif complet du Monde arabe. Il y en a trois autres au Maroc.
L’automne dernier, le Roi Mohammed a ordonné que des études sur l’Holocauste soient incluses dans le programme d’études secondaires. Vers la même époque, Zhor Rehihil, directrice musulmane d’El Mellah, a lancé une émission de radio hebdomadaire sur la culture juive, mettant en vedette des juifs s’exprimant dans le darija, la langue arabe marocaine. Yaëlle Azagury et Anouar Majid rapportent que Mme Rehihil leur a dit que le but de cette émission, dans laquelle les Juifs marocains se souviennent de leur enfance dans des villages à travers le pays, est de les familiariser avec un public musulman qui associe souvent les Juifs à des étrangers.
En novembre, rappellent les co-auteurs, le Conseil des communautés marocaines à l’étranger et la communauté juive du pays ont invité des journalistes, des universitaires et des dirigeants communautaires marocains résidant à l’étranger à Marrakech pour une conférence d’une semaine mettant en avant le «respect des musulmans pour les juifs et pour le judaïsme».
Azagury et Majid se sont interrogés sur le pourquoi de cet intérêt alors qu’il ne reste que 2.500 Juifs dans le royaume, contre quelque 240.000 dans les années 1940. Leur réponse-conclusion : Les gestes d’ouverture du Maroc aident à rappeler à ses citoyens et au monde entier que l’histoire juive du pays est importante et mérite d’être honorée.