Les militaires ivoiriens ont quitté mardi leurs casernes, pour manifester dans la rue, leur colère contre le non versement de leurs salaires depuis des années pour certains soldats.
La majorité de ces soldats avaient déserté l’armée en 2002 pour rallier l’ex-rébellion des Forces nouvelles avant d’être de nouveau, réintégrés dans l’armée entre 2009 et 2012. Entre-temps leurs salaires avaient été suspendus pendant la décennie de crise militaro-politique.
Le mouvement de grogne des militaires ivoiriens a débuté mardi matin à Bouaké, deuxième ville du pays (380 km au Nord d’Abidjan), avant de s’étendre aux camps d’Abidjan pour atteindre Daloa (Centre-ouest) et Korhogo au Nord.
Les soldats qui n’étaient pas armés et avaient le visage encagoulé ou recouvert de peinture blanche, réclament des avancements sur salaire et de meilleures soldes. Ils ont investi les principaux axes routiers de ces villes, où ils ont dressé des barricades, occasionnant d’importants bouchons et paralysant par endroit, le trafic de la circulation.
« Nous manifestons pour réclamer nos droits. Durant deux jours, nous allons paralyser les principales villes de l’intérieur. Si nous n’avons pas gain de cause, le troisième jour nous allons nous attaquer aux institutions bancaires », a menacé un officier basé à Abidjan.
Devant la surexcitation des militaires, le président Alassane Ouattara a vite réagi en confiant à son ministre de la défense, Paul Koffi Koffi, la charge de mener les pourparlers avec les militaires mécontents. Ce dernier a annoncé durant la mi-journée, sur les ondes de la RTI (Radio télévision ivoirienne) le versement entre fin novembre et fin décembre, des arriérés de soldes et de déplacements de 476 ex-FDS (Forces de défense et de sécurité), ainsi que l’augmentation de l’allocation de santé dont bénéficient les militaires.
En attendant, le ministre de la défense a demandé aux soldats de retourner au plus vite dans leurs casernes.
De son côté, le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko a affirmé que le chef d’Etat avait « entendu » leur message qui était « positif, clair et net », précisant qu’aucune mesure de sanction ne sera adoptée contre les participants aux manifestations.
Des scènes de pillages et de vandalisme dans de nombreux endroits du pays et une intrusion des protestataires dans les locaux de la RTI à Bouaké ont été signalés par les autorités ivoiriennes.